La Turquie annonce qu’elle va autoriser les combattants kurdes d’Irak à rejoindre Kobané via son territoire

La passivité des autorités turques au sujet des combats qui ont actuellement lieu entre les miliciens kurdes des Unités de protection populaire (YPG, bras armé du Parti de l’union démocratique, PYD) et les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh) à Kobané, dans le nord de la Syrie, reste très critiquée.

Pour Ankara, il n’est pas question d’apporter un quelconque appui à un mouvement politique kurde qui ressemble comme deux gouttes d’eau au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une formation combattue par les forces armées turques depuis les années 1980.

En clair, le gouvernement turc ne veut pas renforcer des combattants susceptibles de se retourner contre lui. Ce qui pourrait être le cas si le Kurdistan syrien venait à devenir autonome et devenir ainsi une base arrière pour le PKK.

En revanche, aussi curieux que cela puisse paraître, Ankara entretient de bonnes relations avec la région autonome du Kurdistan irakien. Cet entente repose sur les échanges pétroliers.

En effet, pour Erbil, la Turquie offre le seul débouché vers la Méditerranée et pour l’exportation de son pétrole, via l’oléoduc arrivant au port turc de Ceyhan. Pour les autorités turques, l’or noir du Kurdistan irakien est une aubaine, dans la mesure où il lui permet de réduire sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie et de l’Iran.

Ces bonnes relations expliquent en partie les propos tenus ce 20 octobre par Mevul Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères.

Pressée de faire quelque chose pour Kobané (« Ne pas (y) aider les combattants kurdes serait irresponsable », a répété John Kerry, le chef de la diplomatie américaine), la Turquie va aider « les forces des peshmergas (ndlr, les combattants kurdes irakiens) à franchir la frontière pour aller à Konané. Nos discussions à ce sujet continuent », a ainsi affirmé M. Cavusoglu.

« Nous coopérons pleinement avec la coalition (…) Nous voulons nous débarrasser de toutes les menaces qui pèsent sur la région », a encore ajouté le ministre turc. Pour autant, il n’est toujours pas question de livrer directement des armes aux miliciens de l’YPG, comme l’a rappelé, le 19 octobre, le président Recep Tayyip Erdogan.

La semaine passée, Ankara a lâché un peu de lest au sujet de la base d’Incirlik. Le Pentagone voudrait avoir l’autorisation de l’utiliser pour mener des raids aériens en Syrie et en Irak, ce que les autorités turques ont jusqu’à présent toujours refusé. Toutefois, ces dernières ont donné leur accord pour que cette emprise militaire puisse servir à mettre en oeuvre des drones MQ-1 Predator pour des missions de reconnaissance.

Par ailleurs, les forces américains ont largué, et cela pour la première fois, des armes et des munitions aux miliciens de l’YPG assiégés par les jihadistes à Kobané [.pdf], via 3 avions de transport C-130 Hercules. Jusqu’à présent, l’US Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen Orient et l’Asie centrale, avait multiplié les frappes aériennes dans les environs de la ville. Depuis la fin septembre, 135 raids y ont été effectués.

S’agissant de l’aide parachutée, l’US Centcom a indiqué les palettes larguées (27 au total) ont bien été reçues par les miliciens de l’YPG. Sauf une qui a été égarée et détruite par une frappe aérienne avant qu’elle ne tombe aux mains des jihadistes.

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