En 2015, 1.000 postes d’officiers seront supprimés et il y a aura beaucoup moins de pécules attribués

Récemment, lors de la présentation du rapport d’information sur le contrôle et l’exécution des crédits de la Défense pour l’exercice 2013 , le député Philippe Vitel a alerté sur le fait que la « réduction drastique » des effectifs des officiers « pose un certain nombre de problèmes aux états-majors des armées, en particulier de l’armée de l’Air et de l’armée de Terre ».

Ainsi, pour ce qui concerne l’armée de l’Air, son chef d’état-major lui aurait confié avoir dû « renoncer à certains entraînements pour des raisons financières mais aussi par manque d’officiers disponibles pour y participer ». Quant à l’armée de Terre, son taux d’encadrement est déjà de 12%, alors qu’il de 14% pour l’US Army et la British Army.

La déflation des effectifs d’officiers s’explique par la politique de « dépyramidage » des forces armées, menée afin de réduire la masse salariale du ministère de la Défense. Pourtant, pour ce qui concerne l’armée de Terre, son ancien chef d’état-major, le général Ract-Madoux, avait assuré, en 2013, qu’elle maîtrisait parfaitement ses dépenses de personnels avec un « excédent de 6 millions d’euros, après avoir été à l’équilibre en 2011 et en 2012, hors mesures exogènes telles que la refonte des grilles indiciaires ou les mesures de revalorisation des bas salaires » ou encore les dysfonctionnements liés au système Louvois (Logiciel unique à vocation interarmées de la solde);

Quoi qu’il en soit, le projet de loi de finances 2015 pour les armées prévoit à nouveau une déflation significative des effectifs, avec la suppression de 7.500 postes. Selon Jean-Paul Bodin, le secrétaire général pour l’administration (SGA), ces réductions vont concerner 6.383 militaires (85%) et 1.117 civils (15%). Le tout en prenant en compte la création de 242 emplois dans le renseignement et la cyberdéfense. Ainsi, la masse salariale du ministère de la Défense devrait s’élever, l’an prochain, à 10.93 milliards d’euros, soit une baisse espérée de 276 millions d’euros par rapport à 2014, pour 202.754 militaires (76% de l’effectif) et 63.092 civils (24%).

Pour atteindre cet objectif de déflation, il est prévu de financer 888 pécules en 2015, contre 1.265 cette année (623 pour les officiers et 641 pour les sous-officiers) et de remettre au goût du jour le conditionnalat (promotion au grade supérieur en cas de départ).

Et parmi les 6.383 militaires invités à quitter l’uniforme, 1.000 seront des officiers. L’objectif de déflation des effectifs de ces derniers est inédit : en 2012, 331 d’entre eux avaient quitté l’armée, puis 483 en firent de même en 2013. Cette année (2014), 853 sont redevenus civils. « Cette augmentation (des suppressions de postes), très importante, n’est pas facile à mettre en œuvre », a admis le M. Bodin, lors de son audition par les députés de la commission « Défense ».

Le fait est. « L’annuité 2014 n’a pas été conforme à ce qui était initialement prévu : la diminution du nombre d’officiers sera limitée à 880, alors que l’objectif était au départ de 1 000 », a admis M. Bodin. « Nous essaierons de faire mieux en 2015 et nous nous sommes organisés pour cela, mais (…) nous n’avons pas les moyens d’obliger les officiers à partir : nous ne pouvons que les y inciter et, dans le cas où ils ne le font pas en nombre suffisant, compenser en recrutant moins », a-t-il expliqué aux députés.

Pour tenir cet objectif, l’accent sera mis sur la politique de reconversion, qui se verra affecter un budget de 32,65 millions d’euros, ce qui permettra d’organiser 20.000 stages pour les militaires qui auront quitté l’armée. Et des mesures spécifiques seront prises en faveur des officiers.

« Il a été mis en place une mission de reconversion des officiers (MRO), dirigée par un officier général en deuxième section ayant l’expérience de la reconversion et du travail dans le secteur privé et chargé de recevoir les colonels et capitaines de vaisseau envisageant de quitter l’institution » et les « équipes de l’agence de reconversion de la Défense (ARD) ont été sensiblement renforcées » a détaillé le SGA. En outre, a-t-il ajouté, « il a été prévu de faire accompagner 200 officiers par des consultants du secteur privé, et de recourir à l’aide que peuvent apporter les réservistes en matière de contacts avec les employeurs ».

Enfin, sur les 2.100 recrutements de personnels civils prévus pour 2015, 470 seront attribués à des officiers au titre des mesures de reclassement, dont 200 consisteront simplement à troquer l’uniforme contre une costume civil.

Par ailleurs, le PLF 2015 prévoit une enveloppe de 119,3 millions d’euros pour financer l’indemnisation « chômage » d’environ 12.000 anciens militaires. Un montant un peu juste, comme l’a reconnu M. Bodin. « . L’enveloppe prévue pour 2012 et 2013 s’est révélée insuffisante et, compte tenu de la situation actuelle de l’emploi, un risque de sous-dotation d’une dizaine de millions d’euros est à nouveau envisageable pour 2015 », a-t-il affirmé.

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