La DGSE peine à recruter des experts en cyberdéfense

Il y a au moins service du ministère de la Défense qui n’aura pas consommé l’intégralité de ses crédits du titre 2 (dépenses de personnels) en 2014 : la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

C’est ce qu’a indiqué Philippe Errera, le patron de la Délégation aux affaires stratégiques (DAS) qui deviendra prochainement la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), lors de son audition par les députés de la Commission de la Défense, réalisée dans le cadre des débats portant sur le projet de Loi de finances 2015.

« Le programme 144 (ndlr, Environnement et prospective de la politique de défense) générera, au terme du présent exercice, un excédent de gestion de 18,4 millions d’euros sur le titre 2 – réserve de précaution levée », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Les moindres dépenses tiennent surtout aux rémunérations des agents, en particulier pour la DGA (ndlr, Direction générale de l’armement) et la DGSE, BOP (ndlr :  budget opérationnel de programme) pour lesquels on constate un écart prévisionnel entre les effectifs moyens rémunérés en fin d’exercice et la cible initiale : cela s’explique en partie par les difficultés, pour la DGSE, de recruter des agents aux niveaux de qualification requis ».

Interrogé sur cette difficulté à recruter, M. Errera, qui n’a pas été ménagé par le député Nicolas Dhuicq (ce qui aurait été évité avec une meilleure connaissance des missions de la DAS…), a précisé qu’elle concerne « surtout les spécialités telles que la cyberdéfense qui, malgré le relèvement des moyens programmé par le Livre blanc de 2008 et plus encore de 2013, se caractérisent par une ressource rare et une demande croissante, compte tenu de l’augmentation de la menace ». Outre la DGSE, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) connaît le même problème.

Cela étant, dans le cadre du « Pacte Défense Cyber », présenté par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le 7 février dernier, un effort en matière de formation des futurs experts est en cours, avec notamment le développement d’un pôle spécialisé en Bretagne qui s’appuiera notamment sur le centre de la DGA MI (Maîtrise de l’information).

En 2011, les besoins en la matière avaient évalués à 1250 spécialistes sur 5 ans, rien que pour le ministère de la Défense (et donc, sans compter sur ceux des autres ministères et du secteur privé). D’où la proposition d’Éric Filiol, alors directeur de recherche à l’Ecole supérieure d’informatique, Electronique, Automatique (ESIEA) visant à aller « chercher les ressources là où elles sont », c’est à dire « chez les hackers qu’on a tendance à diaboliser à l’excès » parce qu’on « ne les comprend pas ». On n’imagine mal qu’une telle initiative puisse être prise en France… En revanche, elle n’a pas été écartée au Royaume-Uni. Mieux même : le GHCQ (Governement Communications Headquarters, les « grandes oreilles » britanniques) a même cherché à en embaucher.

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