Des armes chimiques ont bien été retrouvées lors de l’opération américaine Iraqi Freedom

Après les attentats du 11 septembre 2001, l’administration américaine avait justifié une opération militaire contre le régime de Saddam Hussein en avançant que ce dernier disposait d’armes de destruction massive et qu’il comptait en produire davantage. Et le risque mis en avant était de voir tomber cet arsenal aux mains de terroristes liés à al-Qaïda.

En 2008, le Center for public Integrity et du Fund for independence in journalism, deux organismes indépendants, compilèrent les différents propos tenus avant 2003 et arrivèrent à la conclusion que l’administration du président George W. Bush avait amplement exagéré cette menace, avec pas moins de 935 déclarations erronées, voire mensongères.

S’il y avait bien au moins un groupe terroriste en Irak (Ansar al-Islam, implanté dans le nord), aucun lien entre le régime irakien et al-Qaïda n’a pu être formellement établi par la suite. Et pour cause : son chef, le mollah Krekar, considérait Saddam Hussein comme un apostat, et donc, comme un ennemi. Des connexions étaient cependant possibles mais jamais aucune preuve de leur existence ne fut apportée (l’ex-secrétaire d’État Colin Powell l’admettra en 2008).

Quant aux armes de destructions massives, l’Iraqi Survey Group, chargé de les retrouvés, fut dissous en 2005, après la publication du rapport Duelfer. Ce dernier avait conclu que l’Irak ne menait pas de programme clandestin visant à développer un arsenal non-conventionnel mais qu’il entendait s’y remettre une fois les sanctions internationales levées. En clair; il ne représentait pas une menace en 2003. Mais les buts de guerre ne visaient pas essentiellement l’arsenal irakien : il était aussi question d’instaurer la démocratie à Bagdad…

Toutefois, il y avait bien des armes chimiques en Irak… mais conçues avant 1991. Et le Pentagone n’a pas fait de plublicité autour de celles qui ont été découvertes par ses troupes entre 2004 et 2011. Ainsi, selon une enquête du New York Times, qui a pu avoir accès à des documents officiels à la faveur du Freedom of Information Act et obtenir plusieurs témoignages, au moins 5.000 ogives chimiques ont été retrouvées lors de cette période. Certains contenaient du gaz moutarde, du sarin et autres agents neurotoxiques.

D’après le quotidien, au moins 17 militaires américains auraient été exposés à ces armes chimiques datant de la première guerre du Golfe. Et pour cause : ils n’avaient pas été mis en garde et, par conséquent, ne disposaient d’aucune protection. Suite à la publication de l’enquête du journal, le Pentagone, via son porte-parole, le contre-amiral John Kirby, a admis l’existence de 20 cas.

Pourquoi l’administration Bush a-t-elle gardé le silence sur ces armes chimiques et donné des consignes pour que le couvercle soit mis dessus? À la question de savoir si Saddam Hussein disposait d’armes de destruction massive, un écrivain français exilé au Canada avait répondu en 2003 : « oui, les Occidentaux ont gardé les reçus ». Ce qu’il voulait dire par là est que, au cours des années 1980, plusieurs pays européens ainsi que les États-Unis ont aidé le régime irakien à se doter d’un arsenal chimique contre l’Iran des mollah. Rien de nouveau donc… L’an passé, une enquête de Foreign Policy avait largement évoqué cet aspect.

Aussi, croit savoir le New York Times, si une chape de plomb a été mise sur les découvertes de vieilles armes chimiques, c’était pour éviter d’expliquer que des militaires américains avaient été exposés à des munitions conçues en Europe ou aux États-Unis. Cette explication en vaut peut-être une autre…

Mais le quotidien a soulevé un autre problème : la convention sur les armes chimiques, qui impose un protocole précis pour détruire un arsenal de ce type (on l’a vu avec celui de la Syrie) n’aurait pas été respectée par les forces américaines. Et la trace d’obus a été perdue, notamment, selon C.J Chivers, l’auteur de cette enquête, dans des régions conquises par l’État islamique, dont l’ancienne usine chimique d’Al Muthanna, où des munitions furent entreposées par la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations unies (COCOVINU).

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