Restructurations : Vers une armée de Terre moins efficace?

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Comment supprimer 23.500 postes supplémentaires au sein des armées tout en touchant le moins possible aux implantations militaires? C’est pourtant ce qu’avait demandé le président Hollande. C’est un « sujet  toujours sensible pour les personnels concernés, pour les élus des territoires. J’ai demandé qu’une attention particulière soit portée pour que nous puissions maintenir une présence partout sur le territoire et éviter des fermetures de site », avait-il affirmé, en mai 2013, lors d’un discours prononcé à  l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN).

La solution à cette équation est relativement simple : si on ne peut pas dissoudre des unités pour satisfaire aux objectifs de déflation des personnels, alors il n’y a qu’à réduire leur format. C’est ce que l’on appelle « l’échenillage », un terme d’imprimerie qui désigne l’action d’enlever des « parties superflues d’adhésifs vinyliques découpés au traceur ». Sauf que, le superflu, quand on regarde l’activité des régiments de l’armée de Terre, il n’y en a pas vraiment.

Aussi, les états-majors voulaient éviter cet « échenillage », qualifiée de « pire » des solutions par le général Bertrand Clément-Bollée, l’ex-commandant des forces terrestres (CFT). Pourquoi? Parce que cela pourrait induire une perte d’efficacité opérationnelle.

« Il me paraît difficile de conduire cette déflation sans l’inscrire dans une manoeuvre globale de restructurations. Si nous ne le faisons pas, nous perdrons en efficience : par exemple, supprimer une compagnie de combat par régiment sans toucher aux soutiens ni aux sites – ce que nous appelons l’échenillage – désorganiserait l’outil de combat avec un gain qui serait très loin de satisfaire aux objectifs budgétaires de déflation… », avait ainsi expliqué l’amiral Guillaud, l’ancien chef d’état-major des armées (CEMA), en juin 2013.

Et pourtant, l’armée de Terre devra bien se mettre à l’échenillage… Certes, elle perdra, en 2015, le 1er Régiment d’Artillerie de Marine (RAMa), le plus ancien des Troupes de Marine au passage, ainsi que l’état-major de la 1ère Brigade Mécanisée (BM) avec sa compagnie de commandement et de transmission. Mais aucune autre dissolution de régiment n’a été annoncée dans la liste des restructurations publiée ce 15 octobre. On imagine le soulagement à Carcassonne (3e RPIMa), à Brive (126e RI) ou encore à Colmar (152e RI).

En revanche, il a été annoncé la réorganisation de plusieurs unités. Ainsi, le 1er Régiment de Tirailleurs (RTir) d’Épinal et le 8e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa) de Castres vont être transformés en « régiments d’infanterie de nouvelle génération ». Une expérimentation a été menée récemment au sein de ces deux unités, la question étant de savoir s’il fallait supprimer ou consever leur compagnie d’éclairage et d’appui adapter, selon le cas, leur structure à 4 ou 3 compagnies de combat. Cela étant, tous les régiments d’infanterie perdront leurs section de reconnaissance.

Pour ce qui concerne l’arme blindée cavalerie (ABC), le 12e Régiment de Cuirassiers d’Olivet, le Régiment d’Infanterie-Chars de Marine (RICM) de Poitiers et le 1er Régiment de Chasseurs (1er RCh) de Thierville-sur-Meuse perdront tous leur escadron d’éclairage et d’investigation. Et cela, malgré leur utilité…

En outre, les 121e et 515e régiments du Train (respectivement implantés à Montlhéry et Brie) perdront chacun un escadron de transport. C’est ce que le ministère de la Défense appelle « l’adaptation capacitaire de la fonction logistique ». Et le Régiment Médical (RMED) ne sera pas épargné non plus : il sera « réorganisé » en perdant 2 compagnies de décontamination NRBC et la compagnie de ravitaillement sanitaire de Chanteau.

Ces restructurations prévoient égallement la « réduction des effectifs de certaines formations du Génie, de l’Artillerie et des Transmissions équipées de matériels en fin de vie ».

Dans son message détaillant ces mesures, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé que « l’armée de Terre doit s’adapter aux nouveaux contrats opérationnels, en particulier dans les domaines des forces spéciales et de la cyberdéfense » et « préserver ses capacités d’engagement, fixées à 66.000 soldats projetables ».

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