L’étalement du programme de sous-marins Barracuda fait une première victime

Lors d’une audition devant la commission « Défense » de l’Assemblée nationale, en septembre 2013, l’ancien Pdg de DCNS, Patrick Boissier, avait prévenu : si la Loi de programmation militaire 2014-2019, alors en débat, prévoyait un étalement des livraisons des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de type Barracuda, censés remplacer ceux de la classe Rubis actuellement en service, alors il fallait s’attendre à la suppression d’au moins 200 emplois à partir de 2014 et un surcoût de 300 millions d’euros.

Mais outre l’aspect financier, c’est surtout la question de l’emploi qui est centrale dans cette affaire car elle est liée à celle du maintien des compétences industrielles, et donc, au final, à la capacité de la France à assembler les sous-marins dont elle a besoin. Rien n’est certes irreversible… Mais quand même, et comme l’avait rappelé à l’époque Patrick Boissier, les Britanniques ont dû être épaulés par les États-Unis pour le programme de SNA Astute.

Cela étant, la livraison des SNA de type Barracuda sera bel et bien décalée (le dernier exemplaire, sur les 6 attendus, devrait être livré en 2029 au lieu de 2027)… Et les premières difficultés arrivent… chez les sous-traitants de DCNS.

Ayant moins de visibilité que les grands noms de l’industrie française de l’armement, on aurait tendance à les oublier… Qui connaît, par exemple, Leroux & Lotz Timolor? Cette entreprise de 150 salariés répartis sur 3 sites réalise ses 14 millions d’euros chiffre d’affaires grâce, du moins pour une bonne partie, à ses activités dans la chaudronnerie. Et parmi ses savoir-faire, il y a le soudage des coques de sous-marins…

Or, avec l’étalement du programme Barrcuda, DCNS a décidé d’arrêter le contrat conclu avec Leroux & Lotz Timolor. Résultat : le sous-traitant va devoir supprimer 32 emplois qualifiés (sur 34) sur son site de Cherbourg. Les salariés concernés ont le choix d’accepter un autre poste au sein du groupe Altawest, dont l’industriel fait partie depuis 2011, ou de pointer à Pôle Emploi.

Mais plus généralement, et outre ce cas précis avec l’étalement du programme Barracuda, les industriels de la défense sont plutôt inquiets. Si la dernière LPM préserve en apparence l’essentiel, le risque qu’elle ne soit pas respectée, comme les précédentes, est d’autant plus réel que l’incertitude pèse sur les ressources exceptionnelles (REX) censés préserver les 31,4 milliards d’euros de budget annuel des forces armées (le même montant depuis 2011). Viennent s’ajouter le coût du travail, le poids de la fiscalité et surtout une monnaie européenne trop forte par rapport au dollar, ce qui pénalise les exportations.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]