La Direction de la gendarmerie nationale veut des « vérifications » après un reportage du Petit Journal au centre de Saint-Astier

Le Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG) de Saint-Astier (Dordogne) est un site qui s’étend sur 140 hectares et dont la vocation est de former les gendarmes au rétablissement de l’ordre (RO) et à l’intervention professionnelle (IP).

D’autres missions lui sont confiées, comme la préparation aux opérations extérieures, l’enseignement tactique et technique spécifiques ou encore l’expertise opérationnelle et l’évaluation de nouveaux équipements. Il sert aussi à organiser des stages sous l’égide de l’Otan et accueille, chaque année, 13.000 stagiaires.

Pour que les formations et les entraînements soient proches de la réalité, ce centre dispose d’une ville reconstituée. Et visiblement, c’est ce qu’a eu du mal à comprendre Yann Barthès, le présentateur du Petit Journal de Canal Plus.

Car pour lui, le CNEFG n’est qu’un « Dysneyand des gendarmes, avec des tanks à la place des chars Disney ». Ce qui laisserait à penser qu’il s’agit d’un parc d’attrations où l’on s’amuse et non un site où des militaires s’entraînent à faire face à des situations délicates, comme peuvent l’être des émeutes urbaines.

Au passage, les gendarmes ne sont pas équipés de « tanks » mais de Véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG), en service depuis 1974 (voilà une information intéressante qui aurait pu être portée à la connaissance du public du Petit Journal).

Pendant les 4 minutes de ce pseudo-reportage, réalisé à l’occasion d’une visite du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, au CNEFG, Yann Barthès n’a cessé de se moquer, voire même de ridiculiser les gendarmes ayant participé aux différentes démonstrations d’interventions, allant même jusqu’à les qualifier de « parades » (comme à Disneyland).

Le soir, une émeute urbaine a été simulée, avec l’implication de gendarmes censés jouer les manifestants et les casseurs. Dans un premier temps, et comme précédemment, M. Barthès s’est moqué de la disproportion des moyens engagés par rapport au nombre de figurants ainsi que lazzis lancés par ces derniers en face de leurs camarades qui, eux, ont joué leur propre rôle. Pourtant, rien de plus normal pour une simulation (concept que l’animateur a du mal à saisir…)

Et puis, le présentateur du Petit Journal a pris un ton grave. Pourquoi? Parce que certains figurants gendarmes ont crié « 1, 2, 3 viva Algérie », scandé par les supporteurs de l’équipe de football algérienne lors de la dernière coupe du monde. « Pour se mettre dans les personnages des émeutiers, les gendarmes jouent des personnes d’origine algérienne », a dénoncé Yann Berthès, qui est par ailleurs très bien payé pour ce qu’il fait par rapport à ceux qui essuient ses moqueries.

Alors que le ministre a félicité les gendarmes pour « la qualité de (leur) engagement » et leur « esprit de service public » à l’issue de cette démonstration, Yann Barthès a dit « espérer qu’après visionnage de ces sons (sic!), Bernard Cazeneuve ajoutera un bémol à son discours qui a suivi ». Toutefois, l’animateur a admis que le locataire de la place Beauvau n’avait pas pu entendre les slogans lancés par les pseudo-émeutiers.

Sans doute que les gendarmes ayant tenu le rôle des manifestants se sont inspirés de leur expérience récente pour rendre la simulation plus proche de la réalité (c’est le principe). En novembre dernier, des émeutes urbaines avaient en effet éclaté après la qualification de l’Algérie pour la coupe du monde et elles firent l’objet d’un rapport de police sans équivoque.

« Il est à noter qu’une patrouille de gendarmerie de Bouclans [Doubs] était prise à partie dans un quartier sensible par une trentaine d’individus […] brandissant des drapeaux algériens. Les supporters frappaient alors le véhicule des militaires et en brisaient une vitre », avait indiqué le document, cité par Valeurs Actuelles.

« A Lyon, la liesse de plusieurs milliers de supporteurs de l’Algérie a été ternie par des incidents. Les festivités sont restées cependant très encadrées par les policiers et gendarmes mobilisés en nombre pour la soirée (plus de 450 au total dans l’agglomération), qui ont usé de gaz lacrymogènes et d’une lance à eau pour contenir la foule dans un certain périmètre et leur interdire l’accès aux artères commerçantes de la presqu’île », avait même rapporté le Parisien, à la même époque.

Quoi qu’il en soit, Yann Barthès a été entendu : la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) a réclamé, selon le quotidien Sud Ouest, des « vérifications (…) en vue de lever le voile autour de propos captés lundi soir et qui ne sont pas sans écorner l’institution ». Mais cette dernière a bien été « écornée » par les moqueries, voire le mépris, de l’animateur à l’égard des gendarmes…

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