Sangaris : Encore des tensions intercommunautaires à Bangui

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Déployé à Bangui et Boda, le Groupement tactique interarmes (GTIA) Acier, qui, principalement formé par le 16e Bataillon de Chasseurs, vient d’être relevé par le GTIA Picardie, constitué autour du 1er Régiment d’Infanterie, aura parcouru 350.000 km avec ses véhicules et effectué pas moins de 1.000 patrouilles à pieds au cours des 4 mois qu’auront duré son mandat. C’est dire si l’activité a été soutenue…

Pour autant, il y a toujours de la braise sous les cendres à Bangui. Et les militaires français de la Force Sangaris, ceux de la force européenne EUFOR RCA et les casques bleus de la MINUSCA ont fort à faire pour empêcher tout ce qui pourrait déclencher de nouvelles violences entre les communautés.

Fin septembre, selon le dernier compte-rendu de l’opération Sangaris publié par l’État-major des armées (EMA), l’arrestation d’hommes munis de grenades dans le secteur PK5 (quartier musulman), avait provoqué un début d’émeute avec des accrochages en prime. Dans le même temps, les soldats français avaient dû intervenir pour arrêter des groupes armés qui se livraient à des actes de brigandage. L’affaire en resta-là.

Un mois plus tôt, des éléments de la force Sangaris et d’EUFOR RCA avaient déjà été violemment pris à partie dans le même secteur. Aussi, le quartier PK5 reste l’un des points chauds de la capitale centrafricaine. D’ailleurs, le 8 octobre, de nouveaux incidents y ont éclaté.

Si l’on en croit un officier de la MINUSCA, tout a commencé quand un « sujet musulman conducteur d’une moto a attaqué cette nuit (…) des individus se trouvant au bord de la voie par des jets de grenade qui ont fait plusieurs blessés » (ndlr, selon RFI, au moins 24 dont 5 gravement). Poursuivi dans la foulée, l’auteur présumé de cet acte a été attrapé puis lynché par des hommes non encore identifiés.

Le lendemain, la même source a fait part d’une « vive tension au PK5 où un conducteur de taxi a été tué par des musulmans, qui ont incendié de nombreuses maisons ». Et d’ajouter, auprès de l’AFP : « Il y a eu des tirs de part et d’autre. Tout cela a provoqué un mouvement de panique. Les habitants se sont mis à fuir jusqu’au centre-ville à un moment donné, avant que la vie ne reprenne son cours normal ». En outre, les militaires européens d’EUFOR-RCA seraient intervenus pour empêcher des musulmans armés de progresser vers les quartiers nord de Bangui.

Ces incidents, qui ont fait au moins 5 tués, ont eu lieu alors que le gouvernement centrafricain est de plus en plus contesté, notamment à cause de l’affaire dite des « fonds angolais ». Cette histoire, révélée par Jeune Afrique, porte sur la disparition de 10 millions de dollars donnés en liquide par l’Angola.

Cette somme, a expliqué Mme le président par intérim, Catherine Samba-Panza, a été utilisé « pour assurer la sécurité du pays et la défense de la politique du chef de l’Etat, comme dans tous les pays du monde ». Et d’ajouter : « Les populations ne doivent pas se fier aux rumeurs non fondées, notamment de détournement du don angolais et du supposé retour des Tchadiens dans ma garde rapprochée. Il y a des agitations purement dues à des problèmes de conquête du pouvoir et du partage des postes ».

Quoi qu’il en soit, des factions centrafricaines, en particulier les milices anti-balaka dirigée en sous-main par le clan de l’ex-président François Bozizé (renversé en mars 2013 par la coalition rebelle de la Séléka, à dominante musulmane), en a fait un prétexte pour exiger le départ de Mme Samba-Panza.

Par ailleurs, signe que certains ont tout intérêt à souffler sur les braises, le CICR et la Croix-Rouge centrafrique ont été menacés et empêchés de faire leur travail dans la capitale centrafricaine. « Sans sécurité, nous ne pouvons pas travailler et sauver des vies. Les menaces doivent cesser. Nous demandons à la population de faciliter le travail des volontaires de la Croix-Rouge », a déclaré Jean-François Sangsue, chef de la délégation du CICR à Bangui. « Si ces menaces continuent, nous serons obligés d’arrêter toute activité de secours, laissant ainsi de nombreuses victimes livrées à elles-mêmes », a-t-il aussi prévenu.

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