L’ONU va « durcir le dispositif » de sa mission au Mali

Les casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ont encore été la cible de groupes terroristes, le 7 octobre. Cette fois, c’est le camp de Kidal, situé dans le nord-est du pays qui a été visé par au moins 4 tirs de roquettes. Le bilan provisoire fait état d’un soldat sénégalais tué et d’un blessé léger.

Cette nouvelle attaque contre la MINUSMA a eu lieu 4 jours après une embuscade qui a coûté la vie à 9 casques bleus nigériens, dans la région de Kidal. Elle a été revendiquée, plus tard, par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui fait cause commune avec le groupe commandé par Mokhtar Belmokhtar, en rupture de ban avec al-Qaïda au Maghreb islamique.

S’agissant des tirs de roquettes contre le camp de l’ONU à Kidal, qui abrite aussi des militaires français, tout porte à croire qu’ils ont été effectués par le groupe Ansar Dine, dirigé par Iyad Al Ghali, qui a refait surface en juillet dernier après s’être fait très discret au moment de l’intervention française au Mali de janvier 2013. Ces derniers jours, ce dirigeant jihadiste avait demandé à la MINUSMA de quitter ses positions. Suite à ces menaces, les casques bleus avaient redoublé de vigilance. Mais pas suffisamment…

Depuis le lancement de la mission de l’ONU au Mali, en juillet 2013, 30 casques bleus ont été tués lors d’attaques attribuées à des groupes jihadistes. Et, encore une fois, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné celle de Kidal et réaffirmé son soutien à la MINUSMA et aux forces françaises qui l’appuient (ndlr, 1.000 hommes principalement déployés à Gao dans le cadre de l’opération Barkhane).

En outre, le Conseil de sécurité a également au gouvernement malien de trouver les auteurs de cet attentat et de les poursuivre en justice ainsi qu’aux groupes armés indépendantistes présents dans le nord du pays à respecter leur engagement pris le 16 septembre dernier à Alger visant à coopérer avec l’ONU afin d’éviter les attaques contre les casques bleus.

Reste que cette situation suscite quelques tensions au sein de la MINUSMA, le Tchad, qui a perdu 10 soldats en septembre, ayant menacé de retirer son contingent. Finalement, N’Djamena n’en fera rien – pour le moment – et le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, a annoncé un « durcissement » du dispositif au Mali.

« Ça n’est plus un contexte de maintien de la paix. Ça nous impose évidemment de prendre toute une série de mesures qui sont déjà décidées, qui sont en train d’être appliquées pour durcir nos bases, durcir nos protections », a ainsi affirmé M. Ladsous lors d’une conférence de presse donnée le 7 octobre.

« Nous sommes en train de déployer davantage d’engins contre les mines, contre les explosifs, de faire venir davantage de véhicules blindés », a-t-il ajouté. Il est question d’adopter un système de rotation des contingents, comme l’avait d’ailleurs demandé les autorités tchadiennes, qui estimait que leurs troupes étaient plus exposées que les autres.

« J’ai déjà également commencé à prendre les dispositions pour déployer au-dessus du ciel malien des drones de surveillance aérienne de longue », a encore indiqué M. Ladsous. De tels engins – des Selex ES Falco – ont été utilisés pour la première fois en décembre 2013 par une mission des Nations unies au Nord-Kivu. Enfin, il a aussi dit souhaiter un renforcement de la coopération avec la force française Barkhane.

En juin dernier, un rapport du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, déplorait déjà le manque de moyens de la MINUSMA, notamment dans les domaines du transport aérien et des hélicoptères. « Les attaques disproportionnées, les engins explosifs improvisés et les enlèvements constituent une menace constante à l’encontre du personnel des Nations unies », y était-il affirmé. La suite lui a malheureusement donné raison.

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