Syrie : La ville de Kobané est sur le point de tomber

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Arin Mirkan était capitaine des Unités populaires de défense (YPJ), la branche armée du Parti de l’unité démocratique (PYD) aux prises depuis le 16 septembre l’État islamique (EI ou Daesh), qui font le siège de la ville kurde de Kobané, dans le nord de la Syrie. Le 5 octobre, cette jeune femme, à court de munitions, encerclée dans le quartier de Mishténour, a préféré se lancer sur les jihadistes et se faire exploser plutôt que de devenir leur prisonnière et de subir leurs outrages et leur barbarie.

Justement, cette barbarie de l’EI, dont les images circulent sur les réseaux sociaux, ne serait pas un motif pour intervenir militairement contre les jihadistes, selon Edwy Plenel. Car, dans les colonnes de Libération, le fondateur de Médiapart estime que « chacun est le barbare de l’autre »… Ben voyons! D’où elle est, Arin Mirkan appréciera…

Quoi qu’il en soit, son sacrifice traduit la volonté farouche des combattant de l’YPJ de ne pas voir tomber Kobané aux mains des jihadistes. On a malheureusement eu l’occasion de voir le sort que ces derniers réservent à ceux qu’ils ont vaincu. Cependant, au vu de l’évolution de la situation, il y a de quoi être pessimiste quant à l’issue des combats.

Pourtant, la coalition internationale a effectué des frappes aériennes contre l’EI dans la région de Kobané, ce 7 octobre. Sans conséquence, apparemment, sur la progression des jihadistes.

« Larguer des bombes depuis les airs ne mettra pas un terme à la terreur. La terreur ne sera pas stoppée par des frappes aériennes et tant que nous ne coopérerons pas en vue d’une opération terrestre avec ceux qui mènent le combat sur le terrain », a lancé Recep Tayyip Erdogan, le président turc. Aussi, il a estimé nécessaire une opération militaire terrestre pour arrêter l’EI.

Justement, les autorités turques avaient promis, le 3 octobre, de « faire tout ce qu’elles pourront pour empêcher la prise de Kobané par l’EI ». Du moins, c’est ce qu’avait affirmé le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu. Pour autant, ce dernier avait aussi écarté toute intervention militaire imminente. « Si les forces armées turques entrent à Kobané et que les Turkmènes de Yayladag [ndlr, une autre minorité turcophone de Syrie] nous demandent ‘pourquoi est-ce que vous ne nous sauvez pas?’, il faudrait alors que nous intervenions là-bas aussi », avait-il expliqué.

En attendant, et alors qu’elle a été autorisée à intervenir en Irak et en Syrie par le Parlement, l’armée turque reste l’arme au pied alors que Kobané est à la portée de ses canons. Attend-elle que les autres membres de la coalition internationale emmenée par les États-Unis se décident à déployer des forces terrestres dans la région?

En fait, la Turquie n’est pas pressée d’impliquer ses troupes chez son voisin. Sauf si le tombeau de Souleimane Shah, une enclave turque en Syrie venait à être attaqué. Il y a au moins une raison à cela : il s’agit, pour Ankara de tout faire pour éviter qu’une intervention contre l’EI ait pour conséquence un renforcement des Kurdes. Et cela, malgré les pourparlers de paix avec les rebelles du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Et d’où d’ailleurs son inquiétude au sujet des livraisons d’armes aux combattants du Kurdistan irakien…

Une autre raison est la volonté affichée par Ankara d’instaurer une zone tampon entre la Turquie et la Syrie, avec la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne. Cette demande est l’une des exigences des autorités turques pour participer à la coalition internationale. Or, pour cela, il faudrait une résolution des Nations unies, ce qui est impossible à obtenir en l’état (droit de veto russe oblige).

Enfin, un troisième motif tient à l’objectif numéro un du gouvernement turc : la chute du régime de Bachar el-Assad. Or, Ankara craint que les frappes contre l’EI puissent renforcer ce dernier, lequel ne met pas d’empressement, non plus, à combattre les jihadistes…

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