Un transfuge de la DGSE dans les rangs de la branche syrienne d’al-Qaïda?

L’histoire serait digne des romans d’espionnage. Selon McClatchy, le troisième plus grand groupe de presse aux États-Unis, un important cadre du groupe Khorassan, lié au front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, serait un ancien agent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

S’appuyant sur les propos prêtés à des sources appartenant à des services de renseignement européens, McClatchy affirme que ce transfuge présumé de la DGSE est un spécialiste des explosifs et qu’il serait par conséquent dangereux, au point même qu’il aurait été la cible des frappes ayant visé le groupe Khorassan il y a deux semaines.

Justement, à en croire plusieurs responsables militaires américains, le bilan de ces dernières, réalisées avec des missiles de croisière Tomahawk est plus que mitigé. Si Mohsen al-Fadhli, le chef de cette organisation a été tué, de même qu’une cinquantaine de jihadistes, de nombreux cadres auraient réussi à s’achapper en emportant avec eux les engins explosifs perfectionnés qu’ils entendaient utiliser pour des attentats contre des avions de ligne. Et parmi eux se trouverait donc ce transfuge présumé de la DGSE…

« Nous ne savons pas s’il était agent dormant ou s’il s’est radicalisé après », a confié l’une des sources interrogées par McClatchy à son sujet. À noter que, visiblement, l’idée d’un agent infiltré ne lui pas effleuré l’esprit… « La combinaison de la formation qu’il a reçue dans le domaine du renseignement avec ses croyances jihadistes fait de lui l’un des agents d’al-Qaïda les plus dangereux », a affirmé une autre.

L’organe de presse américain précise avoir obtenu ces informations via 4 officiers de renseignement européens ayant une connaissance de la situation syrienne à des degrés divers. Tous ont totalement ou partiellement confirmé l’existence de ce transfuge, classée « top secret ». Deux ont même donné séparément son identité (que McClatchy n’a pas révélée). Bien évidemment, leurs déclarations ont été faites dans l’anonymat.

Cependant, le ministère de la Défense a démenti les révélations de McClatchy. « Les informations parues au sujet de l’appartenance supposée de la personne en question aux services de renseignement du ministère de la Défense sont totalement et parfaitement erronées », a ainsi déclaré un de ses responsables.

« Ce Français existe mais ce n’est ni un ancien des services secrets ni même un ancien militaire; à notre connaissance, il se serait juste entraîné physiquement avec d’anciens membres de l’armée française », a confié une source au sein du ministère de la Défense au quotidien Le Monde. Le journal assure par ailleurs que, d’après des membres de la communauté du renseignement, ces allégations de McClatchy sont « farfelues »

Pour le moment, aucun démenti officiel n’a été diffusé par communiqué. Et la DGSE s’est refusée à faire le moindre commentaire sur cette affaire. Mais toujours d’après Le Monde, ce Français serait bel et bien un « gros poisson » recherché par les services de renseignement américain mais la confusion « pourrait venir de propos tenus par l’individu lui-même à propos de ses faits d’armes ». En clair, ce serait un mythomane.

Par ailleurs, le groupe McClatchy a déjà fait parler de lui l’an passé après avoir compromis une opération en cours des services de renseignement américains, en révélant l’existence d’un projet d’attaques de grande ampleur en rapportant les conversations entre Ayman al-Zawahiri, le successeur de Ben Laden à la tête d’al-Qaïda, et Nasser al-Wuhayshi, le chef d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Ce qui laissait à penser que ces deux derniers étaient sur écoute. Et certains analystes et responsables de l’admnistration Obama estimèrent que cette fuite avaient faits plus de dégâts que les révélations d’Edward Snowden.

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