Les jihadistes de l’EI s’adaptent aux frappes aériennes

Pour mettre en échec l' »État islamique » (EI, ou Daesh) en Irak et en Syrie, il est clair que les frappes aériennes ne suffiront pas. C’est bien d’ailleurs pour cette raison que le but de l’opération Chammal, le volet français de la coalition internationale emmenée par les États-Unis, est d' »affaiblir » les jihadistes.

Ces frappes ne suffiront pas car, comme l’a affirmé un certain Abou Tahla, un combattant de l’EI interrogé par CNN, l’annonce, des semaines à l’avance, d’opérations aériennes en Syrie a permis aux jihadistes de s’y préparer. « Nous avons été prêts à cela depuis un certain temps », a-t-il dit. « Nous savions que nos bases sont connues parce qu’ils [la coalition] nous suivent avec des radars et des satellites. Nous avons donc changé d’installations », a-t-il ajouté. « Le quartier général de l’EI, qui a été visé [à Raqqa en Syrie] a été vidé et nos équipements sont été déplacés dans des quartiers civils ou enterrés », a-t-il expliqué.

Cela étant, les frappes aériennes de la coalition ont toutefois permis de freiner l’avancée des jihadistes dans le nord de l’Irak. Les premiers raids de l’aviation américaine, le 8 août, ont visé des positions de l’EI dans la région d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien qu’il menaçait alors. Les combattants kurdes et les forces irakiennes, grâce à cet appui aérien, ont notamment pu reprendre le contrôle du barrage stratégique de Mossoul.

Si les jihadistes sont tenus en échec dans le nord de l’Irak, en revanche, ils progressent dans l’ouest du pays, en particulier dans la province d’al-Anbar. Ainsi, selon des responsables militaires, 240 soldats irakiens sont actuellement piégés dans la base d’Albou Aitha, située à l’ouest de Bagdad. Et, en Syrie, ils s’approchent inexorablement d’Aïn al Arab (Kobané), située non loin de la frontière avec la Turquie.

Le 1er octobre, le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, a affirmé que l’armée américaine « ne peut pas bombarder l’EI à l’aveuglette ». « Personne n’a dit que ce serait facile ou rapide, et personne ne devrait se laisser bercer par la fausse illusion de sécurité que ces frappes aériennes ciblées peuvent apporter », a-t-il souligné.

« Les commandants de l’armée américaine ont été clairs dès le départ sur le fait que des frappes aériennes seules ne suffiraient pas, mais que des efforts à long terme seraient nécessaires pour entraîner et former les rebelles syriens ‘modérés’ et pour renforcer l’armée irakienne », a ajouté le contre-amiral Kirby. Et d’expliquer : « Les combattants de l’EI ne se déplacent désormais plus en larges groupes à ciel ouvert, mais se dispersent pour éviter d’être frappés depuis les airs ».

Le lendemain, le porte-parole de l’État-major des armées à Paris, le colonel Gilles Jaron, n’a pas dit autre chose. « On constate que le mouvement terroriste a marqué le pas dans sa progression, mais il semble qu’il a adapté ses modes d’action à la nouvelle situation liée aux bombardements », a-t-il dit, lors du point de presse hebdomadaire du ministère de la Défense.

Désormais, selon lui, l’EI est maintenant « dans une logique davantage asymétrique, il se fond plus régulièrement dans la population lors des phases de combat ». Les jihadistes » maintiennent en particulier leur pression dans la région de Sinjar (nord) et à l’ouest de Bagdad », a encore indiqué le colonel Jaron.

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