Donné encore une fois pour mort, le chef de Boko Haram apparaît dans une vidéo

La semaine dernière, une rumeur annonçant la mort d’Abubakar Shekau, le chef du groupe jihadiste Boko Haram, actif dans le nord du Nigéria, circulait sur les réseaux sociaux. Et les spéculation allèrent bon train : avait-il été tué par l’armée camerounaise? Lors d’une opération de l’armée nigériane? Mais était-ce bien son cadavre sur la photo de très mauvaise qualité diffusée dans le même temps via les mêmes canaux?

Plus tard, le porte-parole des forces armées nigérianes, le général Olukolade, a confirmé la mort du chef de Boko Haram. Et de préciser qu’il avait été tué lors d’un accrochage à Konduga, un point stratégique puisqu’il verrouille Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, objectif principal de l’organisation terroriste.

Seulement, Abubakar Shekau avait déjà été donné pour mort par les autorités nigérianes à deux reprises, en 2009 puis en 2013. D’où la conférence de presse tout droit sortie de la 4e dimension donnée par le général Olukolade et racontée par Le Monde (édition du 26 septembre).

La mort de Shekau a déjà été annoncée en 2013? Pas de problème pour le général Olukolade : l’homme tué à Konduga est « l’imitateur » du chef de Boko Haram, c’est à dire un « sosie » qui aurait pris sa place. Le même avait également annoncé la libération des lycéennes enlevées par le groupe jihadiste à Chibok, en avril dernier, avant de se rétracter puis de nier avoir abordé le sujet au moment de répondre aux questions des journalistes.

Bref, devant ses difficultés face à Boko Haram, qui a pris le contrôle de territoires relativement importants dans le nord du pays et sur lesquels il a instauré un califat, l’armée nigériane semble avoir cherché à regonfler le moral de ses troupes tout en atteignant celui de ses ennemis. Cela étant, la mort de Shekau ne changerait vraisemblablement pas la donne dans ala mesure où les décisions de l’organisation jihadiste sont prises lors d’une « choura », c’est  à dire un conseil consultatif.

Mais le pire est que l’armée nigériane risque de susciter l’effet inverse car après l’annonce de sa mort, Abubakar Shekau est apparu en treillis, debout devant trois pick-ups, entouré de quatre hommes armés et masqués, dans une nouvelle vidéo de 36 minutes diffusée le 2 octobre. « Me voilà, en vie. Je ne mourrai que le jour où Allah m’ôtera le souffle », a-t-il lancé.  »

Même si rien ne permet de déterminer la date de cette vidéo, Shekau qualifie de « propagande » l’annonce de sa mort faite par l’armée nigériane. « Je suis toujours vivant. Certains se demandent si Shekau a deux âmes. Non, je n’ai qu’une âme, au nom d’Allah », a-t-il insisté.

« Nous dirigeons notre califat, notre califat islamique. (…) Nous pratiquons les injonctions du Coran sur la terre d’Allah, assure-t-il : nous coupons les mains des voleurs, nous avons tué ceux qui commettent l’adultère, nous avons fouetté les menteurs », a encore expliqué le chef de Boko Haram, images à l’appui.

Enfin, Shekau a également affirmé que Boko Haram avait abattu un avion militaire (un Alphajet)avec un équipage de deux aviateurs à bord, recherché depuis 3 semaines. La vidéo montre ainsi un train d’atterrissage et une aile portant une cocarde nigériane.

Pour le porte-parole des forces aériennes nigérianes, le général Dele Alonge, les affirmations de Boko Haram relèvent de la « pure propagande » et sont des « foutaises »…

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