La Russie met en garde au sujet de la Transnistrie

La Moldavie a quelques points communs avec l’Ukraine. Du moins elle en avait avant l’annexion de la Crimée par la Russie. Ce pays, qui est le plus pauvre d’Europe, a des relations compliquée avec la Transnistrie, un territoire massivement russophone qui revendique son indépendance par rapport à Chisinau, qui lorgne vers l’Union européenne.

Dans les années 1990, et alors que la Moldavie venait de prendre son indépendance, la Transnistrie fut l’objet d’un conflit qui se termina avec l’intervention de la 14e armée russe, commandée alors par le général Aleksandre Lebed. Un accord fut trouvé : Chisinai renonçait à toute idée de rattachement avec la Roumanie en échange de la neutralité de la Russie et de l’octroi d’une large autonomie à ce territoire disputé.

En fait d’autonomie, la Transnistrie a proclamé son indépendance – reconnue par aucun des États membres des Nations unies – et s’est doté de ses propres institutions, d’un drapeau et d’une monnaie sans rendre de comptes à Chisinau. En outre, la « République moldave du Dniestr », qui est une plaque tournante de tous les trafics (armes, êtres humains, etc…), accueille des forces russes sur son territoire.

Jusqu’à présent, toutes les tentatives pour faire revenir la Transnistrie dans le giron de la Moldavie ont échoué. Au contraire même, cette république autoproclamée indépendante demande, depuis des années, sont rattachement à la Russie, dont elle dépend exclusisement sur le plan économique.

En mars, le président moldave, Nicolae Timofti, avait dit craindre voir se répéter pour la Transnistrie le scénario joué par Moscou en Crimée. Une crainte alors partagée par le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), le général américain Breedlove.

Pour autant, il n’est pas question d’une éventuelle intervention armée décidée par les autorités moldaves afin de reprendre le contrôle de la Transnistrie. Et pourtant, le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, a tenu des propos assez surprenants, ce 1er octobre, comme si une menace imminente planait sur la « République moldave du Dniestr ».

« Je veux dire à tous qui ne pensent pas comme nous: il ne faut pas mettre son nez en Transnistrie (…), il ne faut pas faire augmenter les tensions, parce qu’il y a des citoyens russes qui habitent là-bas », a ainsi affirmé M. Rogozine, cité par des agences russes.

« Il ne faut pas se demander si la Russie va défendre ses propres citoyens. Elle le fera sans hésitation. Ne testez pas notre patience, ni notre force », a-t-il encore poursuivi. « La Russie remplira son rôle historique: garantir la paix et la sécurité en Transnistrie. (…) Et bien sûr la défense des droits des citoyens russes, aussi loin qu’ils demeurent, est une priorité pour le gouvernement russe », a-t-il ajouté.

À quelle menace M. Rogozine fait-il référence? Mystère. À moins que ce soit l’accord d’association et de libre échange signé par la Moldavie et l’Union européenne le 27 juin dernier ou encore l’adhésion de Chisinau au programme de l’UE pour la compétitivité des entreprises et des petites et moyennes entreprises (COSME), le 29 septembre.

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