Les forces afghanes ripostent à une vaste offensive du mouvement taleb dans l’est

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D’ici la fin de l’année, la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) en aura terminé de sa mission en Afghanistan, où elle a été déployée sous l’autorité de l’Otan. Pour autant, et alors qu’elle dispose encore d’environ 41.000 soldats dans le pays en soutien aux forces de sécurité afghanes désormais en première ligne, le mouvement taleb lance périodiquement des offensives importantes.

En juin, il avait lancé une attaque dans les districts de Nowzad, Kajaki, Sangin et Musa Qala, tous situés dans le nord de la province du Helmand. Ces secteurs avaient déjà donné du fil à retordre aux troupes de l’ISAF, essentiellement britanniques et américaines. Les autorités afghanes affirmèrent, à l’époque, avoir repris le contrôle de la situation, en assurant avoir infligé de lourdes pertes aux combattants taliban.

En réalité, les combats ont duré pendant tout l’été. Début septembre, les taliban maintenaient la pression sur Musa Qala et Sangin et progressaient vers le sud de la province. Un général de l’armée nationale afghane (ANA) a précisé, sous le couvert de l’anonymat parce que  les autorités supérieures ne voulent pas que la gravité de la situation soit médiatisée », que les insurgés avaient lancé 788 attaques dans les districts visés au cours des trois derniers mois.

Outre le Helmand, le mouvement taleb et ses alliés ont profité de la crise politique à Kaboul née de la contestation des résultats de la dernière élection présidentielle, pour prendre pied dans d’autres provinces, dont celles de Kandahar et du Logar.

Et, à quelques jours de l’investiture du nouveau président afghan,  Ashraf Ghani, les taliban ont lancé une nouvelle  offensive dans l’est du pays, précisément dans le district d’Ajristan (province de Ghazni, est du pays). En cinq jours de combat, il y aurait eu entre 80 et 100 tués, dont 12 civils décapités dans 4 villages.

« Nous n’avons pas de bilan détaillé, mais nous estimons qu’entre 80 et 100 personnes ont été tuées au cours de la dernière semaine dans cette offensive », a affirmé, le 26 septembre, Mohammad Ali Ahmadi, le vice-gouverneur de la province de Ghazni, en précisant que des plusieurs centaines de talibans (ils seraient au moins 700) paticipent aux combats contre les forces afghanes.

« À l’heure actuelle, la situation est vraiment critique dans ce district (ndlr, d’Ajristan). Le gouvernement central nous a dit qu’il avait envoyé des renforts », a encore ajouté M. Ahamadi, dont les propos ont été confirmés par Asadullah Ensafi, le numéro deux de la police de Ghazni. « Si le gouvernement central n’intervient pas d’urgence, le district risque de tomber » aux mains des rebelles, a affimé ce dernier.

La stratégie suivie par le mouvement taleb est relativement limpide : il s’agit pour lui de reconquérir les territoires où il bénéficie d’un relatif soutien de la part de la population ainsi que ceux où est cultivé le pavot, dont il tire les moyens de financer ses opérations. Quant au district montagneux d’Ajrestan, situé à 200 km seulement de Kaboul, son contrôle lui permettrait de disposer d’une base pour s’attaquer aux deux autres provinces frontalières et surtout à l’axe routier qui relie la capitale afghane à Kandahar.

Face à cette nouvelle offensive, et comme pour celle du Helmand, Kaboul a annoncé le lancement « d’opérations de nettoyage » dans le district d’Ajrestan. « Les insurgés talibans se sont retranchés dans des maisons. Ils en ont été chassés et repoussés », a ainsi déclaré, le 27 septembre, Mohammad Ali Ahmadi.

« Nous avons envoyé des forces spéciales, la police et l’armée en renfort dans le district, et lancé des opérations contre les talibans. Les villages seront nettoyés des insurgés très bientôt », a expliqué, le même jour, Sediq Sediqqi, le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur.

Quoi qu’il en soit, ces offensives menées par le mouvement taleb et ses alliés alors que l’ISAF n’a pas terminé son retrait donnent un aperçu des défis qui attendent les autorités afghanes dans les mois à venir. Manifestement, les forces de sécurité afghans, qui ont encore beaucoup de lacunes, n’ont pas l’initiative puisqu’elles sont contraintes de répondre aux coups portés par les rebelles.

Cependant, et maintenant que la crise politique est terminée à Kaboul et avec le départ d’Hamid Karzaï, le président sortant, elles devraient pourvoir compter sur un soutien de la l’Otan, qui ne devrait pas tarder à lancer la mission Resolute Support, avec 12.000 hommes.

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