Finalement, la Turquie pourrait intervenir militairement en Syrie et en Irak

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Revirement en vue à Ankara! Au début du mois, une source gouvernementale turque avait écarté l’idée d’une éventuelle participation de la Turquie, pays membre de l’Otan, à des opérations militaires en Syrie et en Irak contre les jihadistes de l’État islamique (EI, ou Daesh).

La semaine passée, encore, alors que des frappes aériennes venaient d’être signalées près de la ville syrienne d’Aïn al-Arab (ou Kobane pour les Kurdes), l’entourage du Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, avait tenu à préciser que la Turquie n’avait pas prêté son concours pour un tel raid.

Jusqu’à présent, Ankara avait les mains liées dans la mesure où 46 ressortissants turcs étaient retenus en otage à Mossoul par les jihadistes de l’EI. Mais depuis leur libération, le 20 septembre, dans des conditions qui n’ont pas été précisées, les autorités turques ont commencé à opérer un virage à 180 degrés.

Ainsi, dans un entretien accordé au quotidien Hürriyet, le président turc, Tayyip Recep Erdogan, a confirmé que son pays était en train de discuter du rôle qu’il aurait à tenir au sein de la coalition anti-EI et qu’un déploiement de troupes au sol en Syrie était envisagé afin d’y créer une « zone de sécurité » à l’intention des populations ayant fui l’avancée des jihadistes.

Car pour M. Erdogan, les « frappes aériennes sont insuffisantes pour venir à bout des jihadistes » de l’EI. « Des forces terrestres sont complémentaires (…) Il faut observer tout cela dans son ensemble. Les opérations aériennes sont logistiques, mais s’il n’y a pas de troupes au sol, il n’y aura pas de (règlement) permanent », a-t-il fait valoir.

Dans les jours qui viennent, le Parlement turc aura donc à se prononcer sur deux textes. Le premier vise à prolonger l’autorisation données aux forces turques de mener des frappes sur les bases arrières du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) établies dans les monts Kandil, dans le nord de l’Irak. Le second concernera la participation d’Ankara aux opérations de la coalition anti-EI en Syrie.

Jusqu’à présent, la Turquie avait été pointée du doigt pour son soutien présumé aux groupes jihadistes en raison de leur hostilité à l’égard de Bachar el-Assad (la réalité est plus,compliquée…) et de ne pas assez en faire pour freiner le flux de jihadistes se rendant en Syrie via son territoire. Sa participation à la coalition anti-EI pourrait ainsi faire taire ses détracteurs.

Une autre raison est que, en s’attaquant à Aïn al-Arab, l’EI se rapproche dangereusement des frontières turques avec pour conséquence l’arrivée de milliers de réfugiés supplémentaires sur son territoire.

En attendant le vote du Parlement, les forces armées turques ont renforcé, ce 29 septembre, leur dispositif militaire près de la Syrie, en déployant une quinzaine de chars et des véhicules blindés autour du poste-frontière de Mursitpinar, sur des hauteurs dominant la Aïn al-Arab. Ce mouvement fait suite à la chute d’au moins deux obus en territoire turc.

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