Mali : Coup de colère du gouvernement tchadien contre la MINUSMA

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Depuis le début du mois de septembre, 10 casques bleus tchadiens de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) ont perdu la vie près d’Aguelhoc, dans le nord du Mali, suite à des attaques des groupes terroristes ayant utilisé des engins explosifs improvisés (IED).

Lors de l’opération Serval, les militaires tchadiens ont été en première ligne, aux côtés des forces françaises. Ils ont tenu un rôle important lors de la conquête de l’Adrar des Ifoghas, où était installé un « sanctuaire » des groupes jihadistes. Le bilan de leurs pertes est éloquent : 27 d’entre eux ont été tués lors de cet épisode de l’opération Serval.

Depuis, le contingent tchadien est passé sous l’autorité de la MINUSMA. Et il est régulièrement visé par les groupes armées terroristes qui, bien que chassé des grandes villes du Nord-Mali par l’intervention française de janvier 2013, ont su garder une capacité de nuisance tout en cherchant à se réorganiser. Et outre les attaques menées au moyen d’IED, il doit faire face au risque d’attentats suicide ou encore au tir de roquettes artisanales.

Seulement, les dernières pertes subies par les casques bleus tchadiens (5 tués le 18 septembre) ont suscité une vive réaction de la part du Tchad, qui, par ailleurs, espérait obtenir le commandement de la MINUSMA eu égard à l’action de ses soldats lors de l’opération Serval.

« Le gouvernement tchadien constate avec regret que son contingent continue à garder ses positions au nord Mali et ne bénéficie d’aucune relève. Pire, notre contingent éprouve des difficultés énormes pour assurer sa logistique, sa mobilité et son alimentation », ont affirmé les autorités tchadiennes, le 19 septembre, dans un communiqué, selon lesquelles leurs soldats sont utilisés comme « bouclier » au bénéfice des autres forces de la mission des Nations unies, moins exposées.

Aussi, N’Djamena, qui dénonce une discrimination à l’endroit de son détachement, a interpellé les responsables de la MINUSMA afin d’obtenir un « traitement juste et équitable de tous les contingents mobilisés » dans cette mission. Et de prévenir : si dans une semaine, rien n’a changé, c’est à dire sur les casques bleus tchadiens n’ont pas été relevés ou si les moyens nécessaires à leur mission ne leur ont pas été donné, alors le Tchad « se réserve le droit de prendre les mesures qui s’imposent », sans donner plus de précisions (il pourrait toutefois s’agir d’un retrait pur et simple de la Minusma).

Quelques officiers tchadiens ont fait part de leurs doléances auprès de l’AFP. « Nous en avons marre! La Minusma considère nos troupes comme du bétail pour les jihadistes. Ils nous considèrent vraiment comme des ‘moutons à sacrifier’. À Aguelhok, nos troupes dorment souvent dans leurs voitures », a témoigné l’un d’eux. « À la date du 24 août, il n’y avait même pas une radio à Aguelhok pour communiquer avec les autres localités. C’est grave. Nous nous demandons si c’est parce que nous sommes des noirs que nous n’avons pas droit aux mêmes mesures de protection que les autres troupes », a-t-il ajouté.

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