Les Pays-Bas vont augmenter leurs dépenses militaires

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En 2011, et afin de remettre à flot les finances publiques sur fond de crise de la dette et de l’euro, le gouvernement néerlandais décida de tailler à nouveau dans ses dépenses militaires, quitte à se priver ses forces armées de certaines capacités. Ainsi, il était question d’un plan d’économies d’un milliard d’euros d’ici 2014.

Pour atteindre cet objectif, 12.000 postes (sur 69.000) devaient être supprimés. Il était aussi prévu de remiser 4 chasseurs de mines, 14 hélicoptères Cougar, les chars Leopard ainsi que de dissoudre une escadron d’avions de combat F-16. Sans oublier le passage de la 10e Brigade aéroportée sous un commandement conjoint avec l’Allemagne.

Comme l’on peut se l’imaginer, ces mesures furent très mal accueillis par les militaires bataves… Et ces derniers ne se privèrent pas de le faire savoir en manifestant, en uniforme, dans les rues de La Haye. « Être dans l’armée, ce n’est pas un métier ordinaire. Nous sommes loyaux, prêts à laisser nos vies pour notre employeur et nous attendons la même loyauté en retour », avait plaidé, à l’époque, Wim van den Burg, un porte-parole de la Fédération des syndicats de l’armée néerlandaise.

En juin 2013, les prévisions économiques concernant les Pays-Bas n’étaient pas fameuses, avec une estimation du déficit public, pour 2014, à 3,7% du PIB, soit 0.7% de plus que les critères de Maastricht que se sont donnés les États membres de la zone euro. Et un nouveau plan de baisse de la dépense publique, d’un montant de 6 milliards d’euros, fut annoncé.

Finalement, ces efforts ont apparemment porté leurs fruits. En mars, l’Office central néerlandais des statistiques a annoncé que le déficit public des Pays-Bas était repassé sous la barre des 3% du PIB! « Cette forte baisse du déficit vient en grande partie de rentrées plus importantes », a-t-il expliqué.

Du coup, cette bonne nouvelle a déterminé le gouvernement néerlandais, emmené par le libéral Mark Rutte, à mettre fin à sa politique d’austérité en optant pour une relance de l’économie, avec un allégement de charges d’un milliard d’euros et des baisses d’impôts et en faisant le pari d’une hausse des exportations et des investissements des entreprises.

Et la défense dans tout ça? Elle ne sera pas oubliée. D’autant plus que Mark Rutte entend faire jouer à son pays un rôle plus important sur la scène internationale. En outre, le contexte international plaide pour un effort en faveur des forces armées, lesquelles ont été récemment engagées en Turquie (2 batteries antimissiles déployées dans le cadre de l’Otan) et au Mali, au sein de la MINUSMA.

Lors de son discours prononcé traditionnellement lors de la présentation du budget au Parlement, le roi Willem-Alexander a expliqué les raisons pour lesquelles il était temps de mettre fin à la baisse des dépenses militaires du pays, après avoir énuméré les menaces auxquelles le royaume doit se préparer.  » La liberté et la sécurité sont fragiles », a-t-il fait valoir.

Et le moins que l’on puisse dire est que les crises ne manquent pas, que ce soit en Ukraine, où 193 Néerlandais ont péri dans la chute du Boeing de la Malaysia Airlines, ou encore au Moyen-Orient, où une centaine de ressortissants des Pays-Bas ont rejoint les jihadistes. Qui plus, les capacités militaires du pays ont tellement été amoindries que sa marine a été dans l’incapacité d’escorter le porte-avions russe Amiral Kouznetsov quand ce dernier passa à proximité des côtes batave.

Aussi, le gouvernement néerlandais a décidé d’augmenter le budget des forces néerlandaises de 100 millions d’euros par an à compter de 2015. Cette somme – l’équivalent du prix d’un F-35 – est bien évidemment insuffisante après trois années au cours desquelles l’effort de défense a été amoindri en moyenne de plus de 300 millions par an… Et cette augmentation modeste ne permettra pas aux Pays-Bas d’atteindre l’objectif des 2% du PIB fixé par l’Otan en matière de dépenses militaires (elles représentent moins de 1,3% du PIB actuellement).

Toutefois, il s’agit d’un signal… Étant donné que le budget militaire néerlandais a été en baisse constante depuis 25 ans. D’autres pays de l’Union européenne suivront-ils ce mouvement? En tout cas, le débat sur l’opportunité de relancer l’effort de défense est ouvert chez plusieurs d’entre eux (Allemagne, Suède, Finlande, pays baltes), surtout après l’affaire urkrainienne.

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