Le Congrès autorise le président Obama à aider les rebelles syriens contre les jihadistes

Le président Hollande l’a répété ces dernières heures : l’action des forces françaises contre l' »État islamique » (EI) portera uniquement en Irak dans la mesure où les autorités irakiennes ont demandé un  appui auprès de Paris. Ainsi, il n’est absolument question d’effectuer des frappes aériennes en Syrie, où les jihadistes ont conquis ont conquis de larges territoires, comme l’envisagent les États-Unis.

Pourtant, affaiblir l’EI en Irak peut relever du mythe de Sisyphe dans la mesure où les jihadistes pourront toujours trouver refuge en Syrie… D’où la nécessité pour Washington de frapper également les bases syriennes de ce groupe terroristes, même sans l’autorisation du régime de Bachar el-Assad, qui a prévenu que de tels raids seraient vus comme une agression.

Cela étant, l’on peut se demander pourquoi il n’est pas question d’une quelconque collaboration avec les autorités syriennes pour combattre l’EI. Tout simplement parce que Bachar el-Assad est accusé d’avoir favorisé l’essor de la mouvance jihadiste face à ses opposants. Ce qui lui devait lui permettre de regagner du terrain sur la rébellion modérée tout en se faisant passer pour un rempart contre le terrorisme afin de trouver une certaine forme de réhabilitation aux yeux de la communauté internationale.

Contrairement à ce que certains peuvent avancer, la rébellion syrienne n’est pas d’un seul bloc (dire qu’elle n’est que composée que de jihadistes serait faire une erreur d’appréciation grossière). L’on trouve l’Armée syrienne libre (ASL), branche armée de la Coalition nationale syrienne, soutenue par les Occidentaux, le Front islamique, qui réunit différentes formations salafistes avec un agenda purement local, et le Front al-Nosra, la branche d’al-Qaïda en Syrie. Or, l’EI les combat tous (à moins que ses relations avec al-Nosra s’améliorent, après un appe en ce sens lancé par AQMI et AQPA, les deux branches d’al-Qaïda au Maghreb et dans la péninsule arabique).

En outre, les relations entre le régime syrien et l’EI sont relativement anciennes. Faut-il le rappeler, à l’origine, le groupe jihadiste est irakien. Et il a été aidé par Damas – ou du moins il a bénéficié d’une certaine bienveillance – contre les troupes irakiennes déployées dans le fameux triangle sunnite, en Irak. Seulement, à force de jouer avec des allumettes, on se brûle… Et c’est ce qui risque d’arriver à Bachar el-Assad…

Alors, dans ce contexte, les marges de manoeuvres sont étroites. « Il faut soutenir ceux qui sont raisonnables, ceux qui sont démocratiques, ceux qui veulent une Syrie libre, qui assurent le respect des droits de la personne et le respect des communautés et une Syrie unie. Ceux-là se retrouvent, malgré les difficultés, autour de ce que nous appelons l’opposition modérée, la Coalition nationale syrienne », avait affirmé, en janvier dernier, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères.

« Nous ne pouvons traiter la question de l’EI indépendamment du théâtre syrien tant il est vrai que pour ce dernier la frontière n’existe pas. À mesure que sa progression ralentit en Irak, l’EI peut être tenté d’orienter son action et ses ressources en Syrie à partir de ses bastions traditionnels, notamment de Raqqa, vers Alep ou Deir Ezzor. Il peut le faire en s’opposant à Bachar al-Assad mais aussi à l’Armée syrienne libre affaiblie qui lutte contre ce dernier. Celle-ci court donc le risque d’être marginalisée », a prévenu Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors d’une audition parlementaire, le 27 août.

Cette appréciation de la situation est partagée aussi à Washington. Pour le président Obama, il faut en effet appuyer les rebelles syriens modérés contre les jihadistes de l’EI. Et comme le craignait M. Le Drian il y a 3 semaines, ces derniers gagnent du terrain en Syrie, notamment au Kurdistan, où, avec des chars T-72 et de l’artillerie, ils viennent de s’emparer d’une vingtaine de villages, provoquant ainsi l’exode de 4.000 kurdes syriens vers la Turquie, qui avait pourtant refusé, dans un premier temps, de les accueillir.

Aussi, à la demande du président Obama, le Sénat a adopté un plan de soutien en faveur de la rébellion syrienne modérée. Il s’agit, avec une enveloppe de 500 millions de dollars pour un an, d’équiper et d’entraîner les rebelles. Plus tôt, la Chambre des représentants avait également donné son accord à ce projet.

Toutefois, la Maison Blanche aura quelques obligations, dont celle de soumettre au Congrès, tous les trois mois, un rapport détaillé devant préciser le nombre de combattants formés, la nature des armes et des équipements livrés et surtout les noms des groupes syriens qui bénéficieront de cette aide.

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