Selon le Pentagone, d’éventuelles frappes aériennes en Syrie viseront les « sanctuaires » de l’EI

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La question de possibles frappes aériennes contre l’État islamique (EI) en Syrie risque de poser des problèmes juridiques, même si le principe du « droit de poursuite » peut être invoqué. En tout cas, les autorités syriennes ont d’ores et déjà fait savoir que la moindre opération aérienne sur leur territoire serait considérée comme une agression. Et la Russie, proche alliée du régime de Bachar el-Assad et membre du Conseil de sécurité des Nations unies, a parlé de « violation grossière du droit international » à ce sujet. Quant à l’Iran, qui a envoyé officieusement des combattants en Irak contre les jihadistes, sa position est identique.

Même au sein de la coalition internationale en cours de formation sous l’égide des États-Unis, l’idée de frapper l’EI en Syrie ne fait pas l’unanimité. Pour la France, les situations syriennes et irakiennes sont différentes et demandent, par conséquent, des réponses adaptés. Au Royaume-Uni, le ministre des Affaires étrangères, Philip Hammond, a fait savoir qu’il n’en était pas question… Avant d’être démenti plus tard par David Cameron, le chef du gouvernement britannique, pour qui cette « option n’est pas exclue ».

Quoi qu’il en soit, et comme l’a annoncé le président Barack Obama, l’aviation américaine aura à s’attaquer à l’EI aussi bien en Irak qu’en Syrie. Et cela une raison simple : comme on l’a vu en Afghanistan, où les insurgés se repliaient dans les zones tribales pakistanaises, les jihadistes en feraient de même sur le territoire irakien en trouvant refuge de l’autre côté de la frontière.

Aussi, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a indiqué, ce 16 septembre, que les raids envisagés en Syrie viseraient « les sanctuaires » de l’EI.  » Cela comprend ses centres de commandement, ses capacités logistiques et ses infrastructures », a-t-il précisé.

Pour autant, il n’est pas question de lancer une campagne aérienne dans le style de celle qui fut menée aux premières heures de l’opération Iraqi Freedom, en mars 2003. À l’époque, il s’agissait d’appliquer la doctrine « Shock and Awe » (choc et effroi) en mettant en oeuvre une très grande puissance de feu afin de dominer rapidement l’adversaire en réduisant sa volonté de se battre. « Cette campagne contre le groupe Etat islamique sera acharnée et longue », a ainsi prévenu le général Dempsey, le chef d’état-major interarmées.

Par ailleurs, ce dernier a également affirmé qu’il n’était pas exclu d’envoyer des conseillers militaires en première ligne, aux côtés des forces irakiennes, contre les jihadistes de l’EI. Et cela contredit les affirmations du président Obama, qui a toujours écarté jusqu’ici l’idée d’envoyer des militaires américains au combat.

« Si nous en arrivons au point où j’estime que nos conseillers doivent accompagner les troupes irakiennes dans leur offensive contre des cibles de l’EI, c’est ce que je recommanderais au président Barack Obama », a-t-il affirmé lors d’une audition au Sénat.

« Si les circonstances venaient à l’exiger, et si l’armée irakienne organisait une opération extraordinairement complexe, ces conseillers seraient alors appelés à fournir des conseils en combat rapproché aux troupes irakiennes se battant sur le front », a insisté le général Dempsey.

En outre, ce dernier a aussi affirmé que le général Lloyd Austin, patron de l’US Centcom, le commandement militaire pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, est « favorable au déploiement de troupes au sol pour permettre une meilleure précision des frappes aériennes ». Cette éventualité avait été envisagée lors des combats menés par les Peshmergas pour reprendre le contrôle du barrage de Mossoul, avant d’être finalement abandonnée.

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