L’armée belge est sur « les rotules », selon son chef des opérations

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De restructurations en coupes budgétaires, la Défense belge est bien malmenée depuis la fin de la Guerre froide, époque où des responsables politiques expliquaient qu’il fallait « récolter les dividendes de la paix ». Selon un article de la RTBF publié cet été, les militaires belges ont dû consentir à se passer de 140 millions d’euros supplémentaires, sur un budget d’un plus de 2 milliards, lui même réduit de 22% en l’espace de 10 ans.

Comme un symbole, la composante terrestre belge a abandonné ses 83 derniers chars Leopard le 10 septembre dernier, qu’elle avait acquis initialement à 334 exemplaires. La moitié sera revendue tandis qu’une partie servira désormais de cible. Ces engins ont été remplacés par des blindés de type Piranha DF90 et DF30. Mais comme l’a souligné le général-major Hubert de Vos, le commandant de la Force terrestre, si ces derniers « constituent une alternative valable », ce « ne sont pas des tanks » car ils « ne procurent pas la même protection, la même mobilité et la même puissance de feu ».

Outre les difficultés à maintenir certaines capacités militaires, les économies imposées à la Défense belge ont eu pour conséquence une réduction drastique de ses effectifs. Et puis, comme cela ne suffit pas, les dépenses de fonctionnement ont été fortement réduites.

« Bonjour l’hygiène. Même plus possible de se laver les mains. C’est un problème général et inadmissible. Mais personne ne fait rien. Et depuis quelques jours, un autre souci : plus de papier dans ces mêmes toilettes! J’en ai marre de devoir venir travailler dans un tel environnement », a témoigné un militaire belge à la RTBF.

Secrétaire permanent CGDP Défense (les militaires belges ont le droit de se syndiquer… mais ça ne change pas grand chose visiblement), Patrick Descy a confié à la chaîne publique belge que des restrictions avaient été décidées au niveau des « frais de logement et de nourriture » et parlé d’un « taux de départs volontaires de 70% » chez les jeunes recrues après 6 mois de service, car « l’ambiance est devenue malsaine ».

Mais il y a encore plus grave, d’après le général Marc Compernol, le chef des opérations – et donc numéro 2 – de l’armée belge. « Nous sommes sur les rotules », a-t-il affirmé dans les colonnes du journal De Tijd, le 13 septembre.

« La limite est atteinte Il y a de nombreuses caricatures faites sur l’armée. Le gazon autour des casernes n’est plus tondu, les fenêtres ne sont plus lavées, etc. C’est exact mais ce sont des futilités », a expliqué le général. Mais, pour lui, il y a un problème encore plus sérieux : « Nous devons économiser nos moyens lors d’entraînements. Résultat: nos troupes sont moins bien préparées et leur sécurité lors des réelles opérations est compromise ».

En outre, a-t-il souligné, « lors de la période 2007/2009, nous avions en moyenne entre 1.200 et 1.500 hommes déployés à l’étranger. (…) Cette années, nous en avons à peine 580 ». Et d’ajouter : « À la fin de cette année, notre présence en Afghanistan sera terminée, de même que notre mission de déminage au Liban. Notre participation aux opérations internationales sera de 300 soldats. On peut se demander alors quel est le but de la défense ».

Car si la Belgique est restée à l’écart de la force européenne EUFOR RCA, alors qu’il avait été dit – certes, pas à Bruxelles mais depuis Paris – que sa participation était attendue, c’est par manque d’argent.

« C’est à ma connaissance la première fois cette année que la Défense (…) a refusé l’envoi de troupes, en Centrafrique. Il n’y avait pas d’argent pour un déploiement immédiat (…) », a admis le général Compernol. Aussi, selon lui, et au vu de cette évolution qui risque de s’accentuer, la Belgique – du moins sa classe politique – ne fera cette fois pas l’économie… d’une réflexion sur l’avenir de ses forces armées.

Cela étant, la Belgique, comme les 27 autres pays membres de l’Otan, a signé la déclaration finale du dernier sommet de l’Alliance, organisé les 4 et 5 septembre au Pays de Galles… Et elle a ainsi pris l’engagement de cesser « toute diminution des dépenses de défense » et de chercher à les augmenter « en termes réels à mesure que croîtra » son « PIB »…

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