L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques dénonce des attaques au chlore en Syrie

En avril dernier, le président Hollande, qui venait d’accueillir les 4 otages français libérés par les jihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, désormais EI), avait affirmé disposer d' »éléments’ laissant à penser que le gouvernement syrien avait été une nouvelle fois à l’origine d’une attaque chimique. « Ce que je sais, c’est que ce régime a démontré à la fois l’horreur des moyens qu’il pouvait utiliser et le refus de toute transition politique », avait-il dit.

Des soupçons confirmés par Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères. « Des indications, qu’il faut vérifier, nous sont données selon lesquelles il y aurait eu des attaques chimiques récemment », avait-il affirmé. Et de préciser : « Beaucoup moins importantes que celles de Damas il y a quelques mois, mais des attaques très mortelles, ponctuelles, au Nord-Ouest, pas loin du Liban ».

« Nous avons des indications sur l’utilisation d’une substance chimique industrielle toxique » dans la ville de Kfar Zeita, avait affirmé, le lendemain, la diplomatie américaine, par la voix de Jen Paski, sa porte-parole.

À l’époque, et suite à la résolution 2118 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée après l’affaire de l’attaque au gaz sarin lancée près de Damas, l’arsenal chimique syrien était en cours de démantèlement. Seulement, d’après les rebelles syriens, les forces gouvernementales auraient eu recours à des gaz chlorés, diffusés par hélicoptère, justement dans la région du village de Kfar Zita.

En juin dernier, le quotidien Le Monde affirmait que les autorités françaises disposaient « d’éléments démontrant l’utilisation de chlore, sous forme de gaz chimique, par l’armée syrienne, dans des bombardements de zones contrôlées par les rebelles », fournis par le « Centre d’étude du Bouchet, qui dépend de la Direction générale de l’armement et qui possède le seul laboratoire en France équipé pour produire des résultats certifiés dans le domaine des armes chimiques ».

Pourquoi alors rien n’a été fait? Tout simplement parce que la France, les États-Unis et le Royaume-Uni, en pointe en août 2013 pour dénoncer l’attaque au gaz sarin, auraient été en « position de devoir agir », avait expliqué le journal. D’où une certaine réserve…

Depuis, cette affaire a pratiquement disparu des écrans radar… Jusqu’à un rapport de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) diffusé le 10 septembre. Ainsi, cet organisme a indiqué que ses enquêteurs ont « rassemblé des informations confirmant qu’un agent chimique toxique a été utilisé de manière systématique et répétée en tant qu’arme dans des villages du nord de la Syrie au début de l’année » et « identifié cet agent toxique comme étant du chlore, soit seul, soit mélangé à un autre agent, sur la base de témoignages, de photos, de vidéos et de rapports médicaux, notamment ».

« Le chlore a été utilisé en tant qu’arme chimique en Syrie de manière systématique et répétée », via des hélicoptères ont encore accusé les experts de l’OIAC, qui ont enquêté sur des assauts ayant visé les villages de d’Al-Tamana’a , de Tal Minnis et de Kafr Zita. Dans les environs ce dernier, en mai, l’une de leurs équipes y a même été la cible d’une attaque afin de l’empêcher d’y accéder.

« Après la mise en place de cette mission d’enquête, il y a eu une forte réduction des accusations d’attaque au chlore au cours des mois de mai, juin et juillet » a relevé l’OIAC, qui a cependant précisé qu’il y avait eu de nouvelles accusations en août.

« Les enquêteurs de l’OIAC poursuivent leur mission et essaieront de mettre au jour les événements liés à ces accusations », a affirmé Michael Luhan, le porte-parole de l’organisation.

Le chlore est une substance chimique dont on peut facilement se procurer. Généralement, il est utilisé pour purifier l’eau. Toutefois, le dichlore – ou bertholite – a été employé par l’armée allemande à Ypres, le 22 avril 1915, lors de la première attaque chimique de masse. En 2007, à Ramadi et à Falloujah, en Irak, plusieurs attentats suicide furent été commis avec des camions chargés de chlore et de TNT.

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