La France se dit prête à participer à une coalition contre les jihadistes de l’État islamique

Dans un entretien accordé au quotidien Le Figaro (édition du 5 septembre), l’ancien Premier ministre François Fillon a appelé à la formation, sous l’égide de l’ONU, d’une « coalition internationale qui soit en mesure d’intervenir [militairement], y compris sur le terrain » contre les jihadistes de l’État islamique, coupables d’exactions dans les territoires qu’ils ont conquis, tant en Syrie qu’en Irak.

Et le désormais député de Paris d’ajouter : « La proposition de François Hollande de réunir une conférence internationale sur la question irakienne est une bonne idée (…) à condition de déboucher sur une l’implication dans le conflit des pays de la région comme la Turquie, l’Iran et les pays du Golfe, car il y a des interrogations sur qui aide et finance l’État islamique. Et pourquoi la plupart des combattants islamistes arrivent par la Turquie ».

Mais avant cette conférence internationale proposée par le président Hollande, le dossier irakien a été abordé en marge du sommet de l’Otan, qui se tient actuellement à Newport, au Pays de Galles, lors d’une réunion qui a rassemblé 10 pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Italie, le Danemark, la Pologne, l’Australie, le Canada, l’Allemagne et la Turquie.

« Il n’y a pas de temps à perdre pour construire une large coalition visant à affaiblir, et in fine détruire la menace représentée par l’État islamique », ont fait valoir John Kerry et Chuck Hagel, respectivement secrétaire d’État et patron du Pentagone.

« Pour être efficace, cette coalition internationale doit s’articuler autour de plusieurs axes: soutien militaire à nos partenaires irakiens, stopper le flux des combattants étrangers, contrer le financement de l’État islamique, traiter la crise humanitaire et délégitimer l’idéologie de l’EI », ont expliqué les deux responsables américains.

Cela étant, il n’est pas question, pour M. Kerry, d’y impliquer des forces terrestres. « Je pense que la ligne rouge pour tout le monde autour de cette table est : ‘pas de troupes au sol’, a-t-il dit. « Nous devons avoir cette coalition d’ici l’Assemblée générale de l’Onu qui s’ouvre dans la dernière semaine de septembre, a-t-il aussi déclaré.

Visiblement, les pays ayant pris part à cette réunion devrait jour un rôle important dans cette coalition. Mais à des degrés divers. L’Allemagne, par exemple, ne devrait sans doute pas s’impliquer au-delà des livraisons d’armes promises et de l’aide humanitaire. Le Royaume-Uni envisage quant à lui de s’associer à l’opération américaine de frappes aériennes, lancée le 8 août dernier. « Il faut une stratégie complète afin de les mettre sous pression de toutes parts. C’est ce que nous essayons de faire à ce sommet », a par ailleurs a expliqué David Cameron, le Premier ministre britannique.

S’agissant de la France, le président Hollande n’a pas exclu le recours à l’option militaire si elle est « nécessaire » et si elle s’inscrit dans le cadre du droit international. C’est du moins qu’il a affirmé à l’issue d’un conseil de défense restreint, tenu à l’Élysée le 3 septembre et répété ce jour.

« Est-ce que nous allons participer à une alliance à la demande des autorités irakiennes dans le cadre du droit international pour lutter contre cette organisation terroriste ? La réponse est oui », a-t-il dit, lors d’une conférence de presse tenue à l’issue du sommet de l’Otan.

Cependant, toute action militaire contre l’EI va se heurter à un problème de taille : celui de la Syrie. Frapper les jihadistes uniquement en Irak ne sera en effet pas suffisant pour les mettre hors d’état de nuire s’ils trouvent refuge en territoire syrien. Or, le régime de Bachar el-Assad n’est pas vu comme un partenaire, ce qui va compliquer l’opération – si opération il y a –  au niveau juridique et politique.

Mais pour le président Hollande, « la Syrie est un cas différent ». Et d’expliquer : « Sur la Syrie nous ne sommes pas engagés dès lors que nous n’avons pas la preuve suffisamment claire que ce que nous pourrions faire pourrait profiter à Bachar al-Assad »

« Cela n’empêche pas d’agir puisque nous avons déjà agi en aidant l’Armée libre syrienne (rébellion reconnue comme légitime par la France), mais cela exigera d’autres conditions parce que nous ne sommes pas dans les mêmes situations de droit international », a ajouté M. Hollande. « Dans un cas, l’Irak, ce sont les autorités que nous considérons comme légitimes qui nous appellent. Dans l’autre, qui nous appellerait? », a-t-il demandé.

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