L’Otan appelle à nouveau la Russie à cesser son soutien aux rebelles armés dans l’est de l’Ukraine

La journée du 3 septembre aura été celle de la confusion entre Kiev et Moscou. Dans un premier temps, le président ukrainien, Petro Porochenko, a annoncé avoir trouvé un accord avec son homologue russe, Vladimir Poutine, sur un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, théâtre d’une rébellion animée par des séparatistes pro-russes. Ce que le Kremlin a démenti dans la foulée. Et pour cause : « La Russie ne peut concrètement pas négocier un cessez-le-feu, car elle n’est pas partie prenante au conflit », a fait valoir un porte-parole.

Cela étant, le président Poutine a toutefois proposé, plus tard, un plan de sortie de crise en 7 points : mettre fin aux opérations offensives, avec l’arrêt de l’avancée des forces rebelles vers Donetsk et Lougansk, écarter les troupes ukrainiennes des villes pour que leur artillerie évite de toucher des civils, « contrôle international objectif » du cessez-le-feu, tout recours à l’aviation exclu au-dessus des zones habitées, ouverture de couloirs humanitaires pour les réfugiés et l’aide humanitaire et, enfin, envoi d’unités spécialisées pour reconstruir les infrastructures et la bâtiments publics détruits.

L’annonce de ce plan vient à point nommé puisqu’elle a été faite à la veille du sommet de l’Otan, organisé à Newport (Pays de Galles) et surtout après des déclarations de M. Poutine selon lesquelles il a évoqué « la création d’un État pour le sud-est de l’Ukraine (ndlr, qu’il appelle Novorossia) afin de protéger les intérêts légitimes des personnes qui y vivent ». Des propos cependant nuancé un peu plus tard par son porte-parole, Dmitri Peskov, qui a affirmé qu’il s’agissait d’appeler Kiev à « prendre en compte les intérêts de la Novorossia ».

Cela étant, outre les difficultés économiques amplifiées par la situation dans le Donbass, les autorités ukrainiennes doivent faire avec la succession de revers subis par les forces gouvernementales, qui semblaient pourtant avoir la situation en main jusqu’à la mi-août. Ces dernières sont en effet en grande difficulté la région de la mer d’Azov, où les rebelles ont ouvert un nouveau front et leur situation est compromise à Louhansk et Donetsk, qu’elles avaient encerclées afin de couper les insurgés de tout ravitaillement.

Forts de leurs succès, les rebelles ont indiqué préparer une offensive contre le port stratégique de Marioupol, lequel relie par la côte la frontière russe à la Crimée. Là, les volontaires du bataillon « Azov » y ont pris position. Cette unité, formée en mai dernier sous l’égide du ministère de l’Intérieur unkrainien, s’appuie sur des cadres du mouvement d’extrême droite « Pravy Sektor – Secteur droit ». En juin, il comptait environ 250 combattants, dont certains venaient de l’étranger.

L’un des symboles de revers subis par les forces gouvernementales ukrainiennes est sans doute la bataille d’Ilovaïsk, ville située à 20 km du fief rebelle de Donetsk. Les volontaires du bataillon Donbass, pour la plupart russophones du sud-est ukrainien et pro-européens,  y étaient entrés le 19 août, avec la promesse d’un soutien des forces régulières… qui n’est pas venu (hormis une poignée de soldats de la 93e brigade). Résultat : au moins 87 d’entre eux ont été tués, selon Mikhaïlo Logvinov, un responsable militaire de la région de Zaporijjia et il est question de plus de 500 prisonniers. Mais le bilan pourrait être encore plus lourd car une centaine aurait perdu la vie en empruntant un corridor humanitaire ouvert par les séparatistes.

« Le 29 août, raconte un des volontaires du bataillon Donbass au Figaro, nous avons été attaqués directement dans ce corridor par les forces russes, à l’arme lourde. Nous avons perdu 120, peut-être 130 hommes, en une vingtaine de minutes. (…) Ensuite, nous avons été faits prisonniers et nous avons pu parler avec eux, il s’agissait de jeunes soldats, de l’armée régulière russe ».

Justement, Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan, a dénoncé cette implication russe dans l’est de l’Ukraine, qui, selon lui, « jette le doute sur la volonté réelle de la Russie d’arriver à un cessez-le-feu ».

« A propos du soi-disant plan de paix (de M. Poutine, ndlr), permettez-moi de saluer tous les efforts entrepris pour trouver une solution pacifique à la crise en Ukraine. Mais ce qui compte, c’est ce qui se passe vraiment sur le terrain. Et nous continuons d’observer, malheureusement, une implication russe dans la déstabilisation de la situation en Ukraine », a expliqué, ce 4 septembre, M. Rasmussen, à son arrivée à Newport, où doit se tenir un sommet de l’Otan.

« Nous continuons d’appeler la Russie à retirer les troupes, à interrompre le flot continu d’armes envoyées en Ukraine et le soutien aux rebelles armés », a-t-il poursuivi. « C’est cela qui serait véritablement un effort pour rendre possible une solution pacifique » au conflit, a-t-il estimé.

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