Le BPC Mistral sera livré à la Russie sous conditions

Considérant que « les actions menées récemment par la Russie dans l’est de l’Ukraine contreviennent aux fondements de la sécurité en Europe », le «  »président de la République a constaté que, malgré la perspective d’un cessez-le-feu qui reste à confirmer et à être mis en oeuvre, les conditions pour que la France autorise la livraison [à la Russie] du premier BPC ne sont pas à ce jour réunies », faisait savoir l’Élysée, le 3 septembre, par voie de communiqué.

En clair, le contrat portant sur la livraison de deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral, signé en 2011 pour un montant de 1,2 milliard d’euros, est suspendu – et non annulé – jusqu’à nouvel ordre. Et cela alors que le premier exemplaire, le Vladivostok, devait être livré en octobre et que 400 marins russes sont actuellement présents à Saint-Nazaire pour apprendre à le manoeuvrer.

Ce 4 septembre, en marge du sommet de l’Otan, organisé à Newport (Pays de Galles), le président Hollande a donné plus de précisions sur ses intentions au sujet de ce contrat.

« La France livrera un navire de guerre Mistral à la Russie à condition qu’un cessez-le-feu soit instauré dans l’est de l’Ukraine et qu’un règlement politique soit trouvé à la crise », a-t-il déclaré. Or, a-t-il estimé, « ces conditions ne sont pas réunies » pour le moment. « Comment pourrais-je autoriser la livraison d’un bateau qui peut demain être un bateau de guerre alors même qu’il y a la crise en Ukraine? », a-t-il demandé, après avoir rencontré son homologue ukrainien, Petro Porochenko.

« Dès lors que – c’est tout à fait possible aux mois d’octobre ou de novembre-  les conditions sont réunies, les bateaux pourront être livrés », a encore assuré M. Hollande, qui a par ailleurs réfuté toute pression dans ce dossier.

« Lorsqu’il y a eu la crise en Ukraine, j’ai averti, j’ai considéré qu’il ne pouvait y avoir de sanctions qui mettaient en cause des contrats signés, donc je ne subissais aucune pression d’aucune sorte et de nulle part », a expliqué le chef de l’État.

Quant à la perspective d’un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine et au plan de sortie de crise proposé par Moscou, le président Hollande s’est montré prudent. « Pour l’instant, il n’y a pas de cessez-le-feu, il n’est pas encore décidé, donc il n’est pas crédible parce qu’il n’est pas encore acté. Il ne pourra y avoir de cessez-le feu que s’il est accompagné d’un ensemble de principes permettant un règlement politique », a-t-il fait valoir. « La situation en Ukraine est grave parce qu’il y a en ce moment des opérations militaires », a-t-il insisté.

Cela étant, un cessez-le-feu pourrait être obtenu le 5 septembre, lors d’une réunion à Minsk du groupe de contact composé de représentants de Kiev, de Moscou et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les séparatistes du Donbass y sont aussi conviés. Ces derniers se sont dits prêts à un cessez-le-feu en cas d’accord sur un plan de paix. Ce qui n’est pas gagné… Et signer un cessez-le-feu est une chose, le respecter en est une autre.

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