Nigéria : Situation confuse à Bama, ville attaquée par Boko Haram

Visiblement, l’instauration d’un califat à cheval entre la Syrie et l’Irak par l’État islamique (EI) inspire Abubakar Shekau, le chef du groupe jihadiste nigérian Boko Haram. Depuis quelques semaines, en effet, cette organisation s’inscrit dans une logique de conquête alors qu’auparavant, elle lançait des attaques ponctuelles contre des villes du nord du Nigéria.

Ainsi, en peu de temps, Boko Haram s’est emparé de Buni Yadi, de Gamboru Ngala et de Gwoza, ville que son chef a déclaré placer sous le règne du « califat islamique ». Il a aussi été rapporté des combats à Monguno, où est implantée une importante base militaire. A priori, le groupe jihadiste contrôle désormais des secteurs importants de l’État de Borno ainsi que des régions voisine de Yobe et d’Adamawa. Cette progression menace également l’extrême nord du Cameroun, où des incursions de ses combattants ont été signalées à plusieurs reprises.

Il semble que l’objectif final de Boko Haram est de s’emparer de la ville de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno : toutes les localités dont il a fait la conquête forment un arc de cercle à l’est et à l’ouest de cette dernière. En outre, le groupe contrôle au moins deux des quatre routes principales qui y mènent.

La dernière offensive lancée par Boko Haram concerne Bama, la deuxième ville de l’État de Borno, située à seulement 70 km au sud-est de Maiduguri. D’intenses combats y ont éclaté à l’aube du 1er septembre et leur issue est encore incertaine.

Si l’on en croit l’armée nigériane, l’offensive rebelle aurait été repoussée… Sauf que selon plusieurs témoignages d’habitants qui ont fui la ville, Bama serait aux mains de Boko Haram. Selon l’un d’entre eux, les soldats nigérians (environ 400) ont aussi pris la fuite. « Certains d’entre eux (les soldats) n’avaient pas de chaussures, d’autres seulement une veste, et d’autres pas de fusil. A les voir, ils avaient l’air de s’échapper pour sauver leurs vies », a confié, à l’AFP, Aliyu Dawud, un étudiant de l’université de Maiduguri.

Le mauvais équipement des militaires nigérians explique en partie la progression des jihadistes… Le mois dernier, 70 d’entre eux ont refusé de prendre part à une opération visant à reprendre le contrôle de Gwoza. « Nous avons juré de ne pas bouger d’un pouce jusqu’à ce que nos supérieurs nous fournissent les armes nécessaires pour affronter et déloger Boko Haram qui a de bien meilleures armes », avait expliqué l’un d’eux.

En outre, toujours à Bana, les soldats nigérians avaient en effet pris le dessus sur les rebelles… Seulement, d’après un témoin, ils ont été bombardé par erreur par un appareil des forces aériennes nigérianes. « L’avion n’a pas pu distinguer les soldats des combattants de Boko Haram et a bombardé la caserne, qui était alors sous le contrôle des soldats », a-t-il dit, d’après l’AFP. « Le bombardement a détruit la caserne et forcé les soldats à fuir vers Maiduguri avec des milliers de civils », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, la situation dans le nord du Nigéria est préoccupante, avec le risque de voir se former un second califat après celui instauré en Irak et en Syrie. Une réunion internationale se tiendra, ce 3 septembre, à Abuja, pour tenter d’y apporter une réponse. Seront conviés les pays voisins (Tchad, Cameroun, Niger, Bénin) ainsi que des représentants de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis, de la Chine et du Canada.

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