La Russie va adapter sa doctrine militaire pour faire face à l’Otan

En 2010, l’Otan avait repris le dialogue avec la Russie, et cela après l’épisode géorgien d’août 2008, le président américain, Barack Obama, venait de lancer une politique de « reset » avec Moscou, avec en ligne de mire une réduction des arsenaux nucléaires. Et il n’était pas question pour l’Alliance d’intégrer en son sein l’Ukraine et la Géorgie. Bref, il fallait tourner la page de la guerre froide une bonne fois pour toute.

Et puis, en février de cette année-là, le président russe d’alors, Dmitri Medvedev signait la nouvelle doctrine militaire russe. Surprise : l’Otan figurait au premier rang des menaces. Plus précisément, étaient pointés par Moscou  l’élargissement de l’Alliance ainsi que son projet de bouclier antimissile.

Pourtant, en novembre, lors de son sommet organisé à Lisbonne, l’Otan proposa Moscou de collaborer à cette défense antimissile. Seulement, comme le souligne le Quai d’Orsay, « la Russie maintient depuis le milieu de l’année 2011 des exigences inacceptables pour les Alliés concernant les modalités de la coopération sur la défense anti-missile (demande de garanties juridiquement contraignantes, et d’une répartition par secteurs) ».

Depuis, le fossé se creuse à nouveau entre l’Alliance atlantique et la Russie, notamment à cause des événements en Ukraine, où Moscou soutient les séparatistes pro-russes actifs dans l’est du pays. D’autres pays ayant appartenu à la sphère soviétique avant de rejoindre l’Otan et l’Union européenne se sentent menacés par les ambitions prêtées au pouvoir russe.

D’où l’adoption de « mesures de réassurance » prises à leur intention, lesquelles consistent à renforcer les missions de police du ciel et les moyens navals ainsi qu’à maintenir des exercices militaires. En outre, l’Otan a l’intention de mettre sur pied un nouvelle force d’environ 4.000 hommes qui serait le « fer de lance » de l’actuel Nato Response Force (NRF) afin de répondre au plus vite (48 heures de préavis) à la moindre menace contre l’un de ses membres.

Au total, le renforcement des moyens de l’Otan en Europe de l’Est représente une grosse douzaine d’avions de combat, basés en Lituanie, en Pologne et en Estonie, la mobilisation d’un groupe de lutte contre les mines, l’envoi d’un destroyer, en général américain, en mer Noire (ainsi que des moyens de renseignement tantôt français, tantôt italiens) et à la tenue de manoeuvres militaires dont les effectifs n’excèdent souvent pas ceux d’une brigade (il n’est pas question d’un « Kecker Spatz » avec 75.000 hommes dans les Carpathes!).

« Je n’ai aucun doute sur le fait que le rapprochement de l’infrastructure militaire des pays membres de l’Otan des frontières de notre pays, y compris par l’élargissement du bloc, aura sa place parmi les menaces militaires extérieures », a commenté Mikhaïl Popov, le secrétaire adjoint du Conseil de sécurité russe.

« Tous les faits témoignent de la volonté des autorités des Etats-Unis et de l’Otan de poursuivre leur politique de détérioration des relations avec la Russie », a aussi ajouté M. Popov. « On attend toujours de la Russie des concessions unilatérales sur de nombreuses questions de politique étrangère », a-t-il estimé. « On évalue le rôle de la Russie de manière non objective dans les événements en Ukraine, des conséquences incorrectes en sont tirées et des mesures inadéquates sont prises », a-t-il encore fait valoir. À croire que Caliméro est russe…

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