Pour le président Hollande, le régime syrien « ne peut pas être un partenaire de la lutte contre le terrorisme »

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Lors de son discours prononcé à l’occasion de la XXIIe Conférence des ambassadeurs, le président Hollande a évoqué l’ensemble des crises qui secouent le monde actuellement. « Je considère que la situation internationale est la plus grave que nous avons connue depuis 2001 », avait-il d’ailleurs affirmé dans un récent entretien accordé au quotidien Le Monde. Irak, Syrie, Libye, Centrafrique, conflit israélo-palestinien, Ukraine, terrorisme, épidémie d’Ébola… Les sujets sensibles ne manquent effectivement pas.

Mais c’est l’organisation jihadiste de l’État islamique (EI) qui arrive en tête des préoccupations (du moins, c’est par ce dossier que le président Hollande a commencé son discours). Tout d’abord, il a déploré qu’il n’y ait pas eu d’intervention en Syrie, l’an passé à la même époque, contre le régime de Bachar el-Assad, alors fortement soupçonné d’avoir mené une attaque au gaz sarin dans la banlieue de Damas. « L’inaction fait le jeu des extrémistes », a-t-il dit.

Cependant, l’arsenal chimique syrien a depuis été démantelé (600 tonnes d’agents toxiques ont été neutralisées), suite à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2118, elle-même fruit d’un accord russo-américain. Avec le recul, il apparaît que Bachar el-Assad n’a fait que sacrifier une tour pour éviter de se retrouver mat, ce qui aurait pu arriver dans le cas d’une intervention militaire menée par les États-Unis et la France.

Un an plus tard, comme l’a souligné le président Hollande, le « régime d’Assad poursuit sa politique de répression sans retenue », le flux de réfugiés, tant au Liban qu’an Jordanie, ne se tarit pas et « les terroristes gagnent du terrain ». Et le conflit syrien « a débordé en Irak, pays déjà soumis aux divisions, aux conflits inter-religieux et à l’instabilité, si bien que l’Etat islamique s’est engouffré dans la brèche, parce que le terrorisme se nourrit toujours du chaos », a-t-il expliqué.

Après avoir conquis de larges parties des territoires syriens et irakiens et instauré un « califat », l’EI « menace aussi bien Bagdad que le Kurdistan irakien » et « en prend aux minorités, les chrétiens d’Irak, les Yazidis et d’autres », a souligné le chef de l’État, avant de rappeler que la France, qui a « pris ses responsabilités », a fourni « une aide aux populations réfugiées » et « livré des armes aux forces en première ligne ».

Mais pour M. Hollande, il fait aller encore plus loin. « Notre soutien doit être amplifié pour préserver l’unité de l’Irak et permettre que chaque communauté puisse vivre en paix », a-t-il dit. « C’est pourquoi, a-t-il ajouté, que j’ai lancé une initiative (ndlr, une conférence internatinale) qui vise à (…) organiser l’action internationale contre l’État islamique sur le plan humanitaire, sécuritaire mais aussi militaire ».

Cette conférence, a précisé le président français, devrait se tenir à Paris, dès que le nouveau gouvernement irakien sera formé. « Pour vaincre l’EI et le terrorisme, il fait que les Irakiens eux-mêmes se rassemblent, que la communauté internationale prenne la dimension du danger et organise une mobilisation à cette hauteur dans le respect des règles du droit international et que chaque pays s’engage à lutter contre les filières jihadistes », a-t-il affirmé.

Pour cela, une « large alliance est nécessaire », a poursuivi le chef de l’État. Mais… sans le régime syrien, qui a proposé à Washington de coopérer contre les jihadistes de l’EI. « Que les choses soient claires : Bachar al-Assad ne peut pas être un partenaire de la lutte contre le terrorisme, c’est l’allié objectif des jihadistes », a-t-il fait valoir.

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