Discussions en cours sur une éventuelle opération militaire en Syrie contre l’État islamique

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Contrer les jihadistes de « l’État islamique » (EI) en Irak ne peut être efficace que s’ils sont aussi attaqués en Syrie, qui leur sert de base arrière. Faute de quoi, on se retrouvera dans une situation analogue à celle que l’on a connue en Afghanistan, où les rebelles (taliban et autres groupes proches de la mouvance d’al-Qaïda) profitent de la porosité des frontières pour trouver refuge la zone tribale pakistanaise du Nord-Waziristan.

Pour le moment, et depuis le 8 août, l’armée américaine effectue des frappes aériennes sur les positions occupées par les jihadistes près d’Erbil, dans le nord de l’Irak. Et elle a même fourni un appui aux combattants kurdes pour reprendre le barrage – stratégique – de Mossoul.

Mais il est question d’étendre ces opérations. La semaine dernière, le chef d’état-major interarmées américain, le général Marin Dempsey, a été clair à ce sujet. « Pour en venir à bout (ndlr, de l’EI), les États-Unis doivent aussi s’y attaquer en Syrie », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. Or, jusqu’à récemment, le président Obama n’y était pas favorable.

Mais la décapitation du journaliste James Foley et la présence, tant en Syrie qu’en Irak, de nombreux jihadistes occidentaux susceptibles de commettre des attentats une fois rentrés dans leur pays d’origine font que la donne est en train de changer. Proche conseiller du président Obama en matière de politique étrangère, Ben Rhodes a assuré que les États-Unis feront le nécessaire contre l’EI, sans être « limités par des frontières ». Pour autant, aucune décision allant dans ce sens n’a encore été prise par la Maison Blanche. Et quand bien même, elle devra probablement être approuvée par le Congrès (en tout cas, certains élus demandent à être consultés).

Signe qu’une telle opération militaire est envisagée, un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères a indiqué, ce 27 août, que Berlin « a entamé des discussions avec les États-Unis et d’autres partenaires étrangers en vue d’un éventuel recours à la force contre l’EI en Syrie » mais qu’il est hors de question pour l’Allemagne de « s’y impliquer militairement ». Et d’ajouter : « Nous allons cependant poursuivre nos efforts pour renforcer l’opposition démocratique » syrienne.

Et Damas dans tout ça? Par le passé, le régime de Bachar el-Assad a plutôt été bienveillant à l’égard des jihadistes. Et cela depuis longtemps. Ainsi, par exemple, il a en quelque sorte protégé Abou Moussab al-Zarkaoui, installé en Syrie en 2002. Accusé d’être le commanditaire du meurtre, à Amman, de Lawrence Folley, un diplomate américain, les autorités syriennes refuseront d’honorer le mandat d’arrêt international dont il était l’objet.

Chef du Tawhid wal Djihad (futur EIIL, puis EI), Zarkaoui, passé par l’Afghanistan à l’époque des taliban, fera ensuite parler de lui en Irak contre les troupes américaines et les populations chiites… Et là encore, l’on ne peut pas dire que Damas ait cherché à empêcher les jihadistes de le rejoindre.

Quoi qu’il en soit, et alors qu’une partie du territoire syrien a été englobée dans le califat islamique proclamé par l’EI, le régime de Bachar el-Assad s’est dit prêt à « coopérer avec la communauté internationale » pour lutter contre les jihadistes, tout en précisant que tout frappe sur son territoire, menée sans son consentement, serait considérée comme une « agression ».

Seulement, il n’est pas envisageable pour l’admnistration Obama de coopérer avec un régime dont elle souhaite la chute… « Nous ne considérons pas que nous sommes du même côté simplement parce qu’il y a un ennemi commun », a ainsi répondu Jennifer Psaki, une porte-parole du département d’État.

Même tonalité du côté de la Maison Blanche, où un porte-parole, Josh Earnest, a affirmé qu’il « n’y a aucun projet de coordination avec le régime Assad au moment où nous faisons face à cette menace terroriste ».

Pour le moment, et en attendant qu’une décision soit prise par le président Obama, le Pentagone cherche à identifier les cibles potentielles. D’où l’envoi, selon un responsable américain ayant fait des confidences à l’AFP, d’avions espions et de drones au-dessus de la Syrie.

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