La gendarmerie nationale inspire le Mexique

Quand l’on consulte les conseils aux voyageurs donnés par le ministère des Affaires étrangères, l’on se dit que le Mexique n’est pas forcément une bonne destination touristique en raison sa situation sécuritaire.

« D’une manière générale, les actes de violence peuvent être liés au trafic de drogues, au crime organisé, ou n’être qu’une forme de délinquance plus classique (agressions armées, vols, escroqueries). Des enlèvements contre rançons sont courants au Mexique et peuvent être le fait d’agresseurs isolés, n’appartenant à aucun groupe organisé. Les kidnappings ont généralement pour victimes des ressortissants mexicains, mais les étrangers peuvent également être visés », y est-il en effet écrit.

Le Mexique est gangrené par l’activité de plusieurs groupes criminels – les cartels – qui se livrent au trafic de drogue et d’êtres humains, à des enlèvements pour ensuite exiger des rançons, au racket ou encore au détournement – à grande échelle – de pétrole, en particulier dans les États du Tamaulipas et de Veracruz. Le tout sur fond de corruption généralisée.

La situation est telle que les autorités fédérales font appel à l’armée pour tenter de rétablir la sécurité. Seulement, le maintien de l’ordre et les opérations de police ne sont pas les missions généralement confiées aux militaires, sauf quand ils sont gendarmes… D’où la création d’une gendarmerie nationale mexicaine, voulue par le président Enrique Peña Nieto et calquée sur le modèle (ou du moins fortement inspirée) par la maréchaussée française.

Cette nouvelle force de gendarmerie a été inaugurée cette semaine par le président mexicain. Elle devra « contribuer à contenir et à désarticuler les organisations criminelles qui minent l’activité économique dans des territoires déterminés par le vol, l’extorsion ou les enlèvements », a-t-il affirmé à cette occasion. Et, a-t-il ajouté, elle  » se concentrera sur la réduction de la criminalité, la réouverture de commerces et à la liberté de mouvement des personnes et des produits, dans les zones en proie à la violence du crime organisé ».

À terme, la gendarmerie mexicaine, placée sous l’autorité de la Police fédérale, comptera 40.000 personnels, contre 5.000 actuellement, lesquels ont été en partie formés par des gendarmes français.

« Les techniques de contrôle du territoire utilisées par la gendarmerie française, la plus ancienne au monde, intéressent le président mexicain (…) élu sur la promesse de réduire la violence dans un pays où les policiers ont 500 fois plus de risques de se faire tuer qu’en France », expliquait, dans les colonnes du Monde, en juin, José Fabiani, attaché de sécurité intérieure à l’ambassade de France au Mexique.

« Nos cours ont porté sur le maintien de l’ordre, la police de proximité et la récolte du renseignement, en mettant l’accent sur l’éthique, le respect des droits de l’homme, la prévention des délits et l’écoute des victimes. Les gendarmes devront redorer le blason de la police, qui n’a pas bonne réputation auprès de la population », précisait, dans le même journal, le lieutenant-colonel François Dubeau, de la gendarmerie mobile de Rennes.

Les gendarmes mexicains – qui n’ont pas le statut militaire – ont donc été triés sur le volet. Hors de question, en effet, qu’ils se fassent infiltrer par les cartels et qu’ils soient corrompus. Les 130.000 candidats qui ont postulé pour intégrer cette nouvelle force de police ont subu des examens de confiance, médico-toxicologiques, psychologiques et même graphologiques. Les 5.000 qui ont été finalement sélectionnés ont en moyenne 28 ans. Ils recevront une solde mensuelle de 14.000 pesos (800 euros), soit deux fois plus que les policiers municipaux.

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