Les forces spéciales américaines ont tenté une opération pour libérer des otages en Syrie

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Le crâne rasé, vêtu d’une combinaison orange qui n’est pas sans rappeler la tenue portée à Guantanamo, le journaliste américain James Foley se tient debout, aux côtés d’un homme dont le visage est masqué. Sous la contrainte, il évoque les frappes aériennes menées en Irak par l’aviation américaine, contre les jihadistes de l’État islamique. Et il s’adresse à son frère, dont on comprend qu’il sert au sein de l’US Air Force.

Puis, l’homme masqué prend la parole à son tour, avec un accent que l’on devine britannique. Quand il a terminé sa diatribe, il prend un couteau. Inutile d’aller plus loin, la suite est hélas connue… Avec la barbarie qui lui est coutumière, l’EI vient d’assassiner James Foley, qui était retenu en otage depuis novembre 2012. Et l’organisation terroriste promet d’en faire de même avec un autre journaliste américain qu’elle détient, Steven Sotloff, du magazine Time.

Jusqu’à présent, l’on ignorait (du moins le grand public) que James Foley et Steven Sotloff étaient aux mains de l’EI. Comme le furent Didier François, Édouard Elias, Nicolas Hénin et Philippe Torrés, qui n’ont heureusement pas connu que le même sort que leur camarade d’infortune.

Détenu par l’EI jusqu’en avril 2014, le journaliste Nicolas Hénin, enlevé en Syrie en juin 2013, a salué la mémoire de James Foley, qu’il a décrit comme étant un garçon « d’une très grande bravoure, d’un grand courage, qui n’a pas eu de chance ». « Ce n’est pas un mec qui va pleurnicher ou faire dans son froc. Il est resté droit, digne, jusqu’au bout », a-t-il confié à l’Express. Et, en tant qu’Américain, « il a eu droit à un ‘traitement de faveur’ : il est  devenu le souffre-douleur des geôliers, il s’en prenait plein la gueule mais il restait impassible », a-t-il ajouté.

Même sentiment chez Didier François (enlevé avec Édouard Elias). « C’était un garçon extraordinaire […], un compagnon de détention extrêmement agréable, très solide », a-t-il témoigné sur les ondes d’Europe1.

Si les quatre otages français ont retrouvé la liberté en avril, dans des circonstances qui n’ont pas été officiellement précisées, leurs deux compagnons de captivité auraient pu connaître un sort analogue. Outre James Foley et Steven Sotloff, un troisième ressortissant américain – Austin Tice, un ancien Marine reconverti dans le journalisme – serait retenu prisonnier en Syrie.

En effet, comme l’ont révélé des responsables américain au lendemain de l’annonce de la décapitation de James Foley, une opération des forces spéciales avaient été autorisées par le président Obama afin de les libérer.

Ainsi, Lisa Monaco, conseillère du locataire de la Maison Blanche pour les affaires de contre-terrorisme, a expliqué que cette opération avait reçu le feu vert car le Conseil à la sécurité nationale estimait que « chaque jour passé entre les mains des jihadistes aggravait la situation des otages ».

« L’administration américaine disposait de ce que nous pensions être des renseignements suffisants et lorsque l’occasion s’est présentée, le président a autorisé le département de la Défense à agir avec force pour récupérer nos concitoyens. Malheureusement, cette mission n’a finalement pas été un succès car les otages n’étaient pas là », a-t-elle affirmé. Et d’ajouter : « Compte tenu de la nécessité de protéger les capacités opérationnelles de nos militaires, nous ne serons pas en mesure de révéler les détails de cette opération ».

Aussi, au Pentagone, le contre-amiral John Kirby a simplement indiqué que cette mission « s’était concentrée sur un réseau précis de ravisseurs » au sein de l’EI. En fait, l’administration Obama n’avait pas l’intention de faire la moindre communication au sujet de cette opération. « Nous avons décidé de la rendre publique aujourd’hui lorsqu’il est apparu clairement qu’un certain nombre de médias s’apprêtait à révéler cette opération et que nous n’aurions d’autre choix que de reconnaître son existence », a expliqué Caitlin Hayden, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

Parmi les médias ayant des informations figure le Washington Post, qui a livré quelques détails sur la base de confidences faites par d’autres responsables américain. Ainsi, cette opération, qui est la première intervention terrestre connue des États-Unis depuis le début de la guerre civile syrienne, a mobilisé des hélicoptères BlackHawk modifiés du 160th Special Operations Aviation Regiment de l’US Army, des commandos de la Delta Force et des Navy SEALs. D’autres unités  auraient été impliquées, le quotidien ayant également évoqué la participation d’avions et de drones.

Cette mission a eu lieu après la libération des 6 otages français et espagnols en avril. Leur débriefing a en effet permis d’obtenir des renseignements sur le lieu de détention des journalistes américains.

Seulement, l’opération s’est soldée par un échec, pour la simple et bonne raison que, comme l’a indiqué Mme Monaco, les prisonniers de l’EI avaient été déplacés. Un militaire américain a été « légèrement blessé » lors d’un accrochage avec les jihadistes, lesquels aurait subi des pertes importantes (aucune évaluation n’a été fournie).

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