Le président Hollande propose une conférence sur la sécurité en Irak et la lutte contre l’État islamique

Les combattants kurdes (Peshmergas), appuyés par l’aviation américaine, ont réussi à reprendre le contrôle du très stratégique barrage de Mossoul, tombés aux mains des jihadistes de l’État islamique il y a quelques jours. Dans la province irakienne d’al-Anbar, ces derniers doivent aussi faire face à une contre-offensive lancée par une coalition d’une vingtaine de tribus sunnites, soutenues par les forces de sécurité.

Livraisons d’armes, appui aérien, soutien du Conseil de sécurité des Nations unies… Les efforts consentis par plusieurs pays en faveur des forces susceptibles de contrer les terroristes de l’État islamique, par ailleurs coupables de nombreuses exactions à l’égard des minorités religieuses, semblent porter leurs fruits. Mais pour combien de temps?

Le 18 août, le président américain, Barack Obama, a assuré que les États-Unis poursuivraient une stratégie « à long terme pour inverser la tendance » contre l’État islamique, dont la rapidité des récents gains territoriaux n’ont surpris que ceux qui voulaient l’être.

La France, même si elle ne participe pas aux opérations aériennes américaines, a été en pointe pour soutenir les autorités du Kurdistan irakien, en leur promettant un aide alors qu’Erbil était sous la menace des jihadistes. Et le président Hollande est décidé à fédérer les efforts contre les jihadistes en organisant prochainement une « conférence sur la sécurité en Irak et la lutte contre l’État islamique ».

« Nous ne pouvons plus nous en tenir au traditionnel débat, intervention ou non-intervention. Nous devons envisager une stratégie globale contre ce groupe qui s’est structuré, qui dispose de financements importants et d’armes très sophistiquées, et qui menace des pays comme l’Irak, la Syrie ou le Liban », a fait valoir le chef de l’État, dans un entretien accordé au journal Le Monde (édition du 21 août).

« Je proposerai donc prochainement à nos partenaires une conférence sur la sécurité en Irak et la lutte contre l’Etat islamique », a-t-il poursuivi. « Nous devons faire face, non pas à un mouvement terroriste comme Al-Qaïda, mais à un quasi-Etat terroriste, l’Etat islamique. Nous ne pouvons plus nous en tenir au traditionnel débat, intervention ou non-intervention, », a ajouté le président Hollande, qui considère que « situation internationale est la plus grave que nous ayons connue depuis 2001 » et que le « monde doit en prendre toute la mesure ».

S’agissant des livraisons d’armes promises aux Peshmergas, le chef de l’État a assuré qu’il s’agissait de « matériels conformes aux engagements européens » et qu’elles ont été faites « en plein accord avec les autorités de Bagdad pour qu’il n’y ait aucun doute sur l’utilisation de ces moyens ». En clair, il n’est pas question que ces équipements puissent servir de dessein autre que le combat contre l’EI.

À ce sujet, un général Peshmerga, cité par France Infos (qui n’a pas précisé son identité), a réclamé des missiles anti-char MILAN, en précisant que les premières livraisons d’armes françaises avaient été faites le 15 août dernier.

Après avoir expliqué que les jihadistes avaient récupéré « toutes les armes des 70.000 hommes de l’armée irakienne qui étaient à Mossoul et qui ont tout laissé derrière eux », il a fait valoir que les armes des combattants kurdes « sont vieilles et pas particulièrement puissantes » et indiqué avoir besoin de « missiles anti-chars pour percer les blindages ».

Quoi qu’il en soit, M. Hollande a déploré l’attitude de la communauté internationale sur la Syrie, qui est la cause de la situation que l’on connaît aujourd’hui. Au passage, il a sous-entendu que la France avait « donné des armes aux rebelles syriens, « c’est-à-dire à l’opposition démocratique ».

« Si, il y a deux ans, il y avait eu une action pour installer une transition, nous n’aurions pas eu l’Etat islamique. Si, il y a un an, il y avait eu une réaction des grandes puissances à la hauteur de l’utilisation (par le président Bachar al-Assad) des armes chimiques, nous n’aurions pas été face à ce choix terrible entre un dictateur et un groupe terroriste, quand les rebelles méritent tout notre soutien », a plaidé François Hollande.

Plus : « Ce qui signifie stratégiquement l’État islamique« , une analyse de Joseph Henrotin, publiée par le blog de DSI

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