Pour le ministre allemand de l’Économie, les exportations d’armes ne sont pas une priorité

Vice-chancelier et ministre de l’Économie, Sigmar Gabriel, qui est aussi le chef de file des sociaux-démocrates, n’est pas à l’aise avec les ventes d’équipements militaires à l’étranger. Or, il joue un rôle déterminant pour délivrer les licences d’exportation, ce qui n’est pas sans inquiéter les dirigeants de l’industrie de défense outre-Rhin.

Lors d’un rencontre, le 19 août, avec une vingtaine de représentants du personnel d’entreprises du secteur, M. Gabriel a réaffirmé sa détermination à encadrer plus strictement encore les exportations d’armes, quitte à ce que cela ait des conséquences sur l’emploi.

« Les considérations sur l’emploi ne doivent pas jouer un rôle déterminant » dans les décisions prises par le gouvernement et plus particulièrement par le ministère de l’Économie au sujet des exportations d’armes, a-t-il fait valoir, en affirmant ne pas vouloir de « nouveau débat », ni de « nouvelles directives » au sujet de la politique allemande en la matière.

La précédente coalition gouvernementale, formée par les chrétiens démocrates de la CDU (ndlr, le parti d’Angela Merkel, l’actuelle chancelière) et les libéraux du FDP, avait adopté une position plus souple à l’égard des règles très strictes, adoptées en 2000, concernant les ventes d’équipements militaires à l’étranger. Ce qui permit aux industriels allemands de remporter des contats en Algérie, en Arabie Saoudite et au Qatar.

En 2013, sur les 5,8 milliards d’euros de contrats d’armement à l’exportation autorisés par Berlin, 62% ont concerné des pays n’appartenant ni à l’Otan, ni à l’Union européenne.

Or, pour Sigmar Gabriel, cela n’est pas acceptable. « Les perspectives (de l’industrie allemande de la défense) ne dépendent pas seulement de l’export, et certainement pas de l’export vers la péninsule arabique », a-t-il ainsi affirmé.

Pour compenser le manque à gagner, le ministre allemand a appelé le secteur de l’armement à « faire ce qu’il aurait dû faire depuis 15 ans », c’est à dire se consolider et renforcer son « intégration européenne ». « Cela n’a pas de sens pour l’Europe d’avoir différentes entreprises qui fabriquent les mêmes systèmes d’armement », a-t-il en effet plaidé.

Autre piste avancée par M. Gabriel : que les industriels de l’armement fasse autre chose que de produire des armes. En clair, se tourner vers le secteur civil.

Cela étant, la position affichée par Sigmar Gabriel sur ce sujet sensible ne fait pas forcément l’unanimité au sein du gouvernement allemand… Pour rappel, lors des élections législatives de 2013, le parti du ministre de l’Économie n’avait recueilli que 25,74% des voix alors contre 41,55% pour la CDU. Mais avec l’effondrement de ses alliés du FDP, Mme Merkel avait dû composer avec ses rivaux sociaux-démocrates pour former un gouvernement dit de « Grande coalition », avec tout ce que cela implique.

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