Un caporal épinglé à Thionville

Le printemps dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait été très clair : les cas de harcèlement et de violences, « quel soit leur nombre », sont « intolérables, ici sans doute encore plus qu’ailleurs, tant les armées ont vocation à être exemplaires, tant l’honneur est la vertu cardinale du militaire, et la fraternité d’armes une exigence absolue ». Et d’ajouter : « Dans ce domaine, il n’y a qu’une politique qui vaille, celle de la tolérance zéro ».

Aussi, des mesures contre le harcèlement et les violences au sein des armées ont été prises, notamment pour en faciliter le signalement des faits, avec l’ouverture du réseau « Écoute défense » aux victimes potentielles ou encore la création de la cellule Themis, dont la mission est d’enquêter en toute indépendance à l’égard de la hiérarchie et de proposer, le cas échéant, des sanctions. Autant dire que celui qui se rendrait coupable de tels gestes risque gros.

Mais, visiblement, le message n’a pas dû passer pour un caporal du 40e Régiment de Transmissions de Thionville… Ainsi, nous apprend l’Est Éclair, il s’est fait pincer le 9 août dernier, lors de manoeuvres au camp de Mailly, dans les douches alors que ces dernières étaient réservées pour les personnels féminins… En train de filmer avec son téléphone portable. Quelques heures plus tôt, il avait déjà failli se faire surprendre quand une femme militaire avait remarqué l’écran d’un smartphone sous la porte de sa cabine alors qu’elle se douchait. Seulement, le gradé avait eu le temps de prendre la tangente.

Le caporal a été interpellé le mardi suivant à Thionville, où il avait été renvoyé par l’encadrement, puis présenté le lendemain au parquet de Reims, qui, d’après l’Est Éclair, salue « la réaction de l’institution militaire » en soulignant qu’il « n’y a eu aucune volonté d’étouffer cette affaire » et que les deux femmes, qui appartiennent au 40e Régiment d’Artillerie de Suippes et au 40e Régiment de Transmissions, « ont bénéficié du soutien de leur hiérarchie pour déposer plainte à la gendarmerie ».

Une information judiciaire a donc été ouverte afin de déterminer s’il n’y a pas eu d’autres victimes filmées à leur insu et si aucune image n’a été diffusées. Quant au caporal, qui a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, il s’est vu prononcer à son égard une quadruple mise en examen, pour « atteinte à la vie privée par fixation d’images », « violation de consignes », « violences sur subordonné » (l’une des victimes a la distinction de 1ere classe) et « voie de fait sur un supérieur » (la seconde est maréchal des logis).

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