Regain de tension entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh

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Territoire montagneux et difficile de 11.500 km2, le Haut-Karabakh fut un haut-lieu de la résistance arménienne face aux Perses au IIIe siècle. Par la suite, son histoire devint plus compliquée, avec la série d’invasions et de guerres ayant affecté cette partie du monde.

Toutefois, il passa, avec le reste de la région, sous contrôle russe lors de la guerre russo-persane de 1804-1813 puis fut rattaché, plus de 50 ans après, au gouvernement d’Elisavetpol, lequel correspondait à l’ouest de l’Azerbaïdjan et à une partie de l’Arménie.

Au moment de la chute du Tsar, trois nouveau États se formèrent : la Géorgie, l’Azebaïdjan et l’Arménie. Et, très vite, le Haut-Karabakh fut disputé par les deux derniers. Mais avec leur intégration au sein de l’Union soviétique, ce territoire fut finalement confié, sur décision de Staline, à la « République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan ».

Avec la Glasnost et la Perestroïka de Gorbatchev, des tensions commencèrent à réapparaître… notamment à cause de la volonté de Bakou d’imposer sa mainmise culturelle sur la population arménienne du Haut-Karabakh. Puis, après l’éclatement de l’URSS, les choses se dégradèrent franchement entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, alors deux pays nouvellement indépendants.

En 1991, devant les velléités d’indépendance du Haut-Karabakh (pour mieux se rapprocher d’Erevan), l’Azerbaïdjan y envoyé ses troupes, ce qui donna lieu à une guerre meutrière contre l’Arménie (entre 20.000 et 30.000 tués).

Trois ans plus tard, sous l’égide du Groupe de Minsk, formé par la France, la Russie et les États-Unis, un accord de cessez-le-feu figea la situation. Le Haut-Karabakh devint une République autoproclamée, sous protecterat arménien, non reconnue par la communauté internationale.  Pour autant, l’Azerbaidjan n’abandonna pas ses prétentions sur ce territoire.

Depuis, le cessez-le-feu n’est que virtuel. Il n’est en effet pas rare d’apprendre que des soldats azéris ou arméniens ont été tués lors d’accrochages à la frontière. Sauf que depuis quelques jours, les combats se multiplient autour du Haut-Karabakh, chaque camp accusant l’autre d’en être le responsable. Au total, 17 militaires y ont trouvé la mort.

« La situation est très tendue. Sans doute, nos voisins sont capables d’organiser à n’importe quel moment une provocation qui pourrait dégénérer en guerre », a estimé Seïran Oganian, le ministre arménien de la Défense. « Mais nous (…) faisons tout notre possible afin d’apaiser le niveau des tensions », a-t-il poursuivi. « Pour l’instant, il n’y a pas de fondement pour entamer une action militaire d’ampleur », a-t-il encore ajouté.

La situation préoccupe Moscou, qui, via son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a confirmé une rencontre prochaine entre les présidents Sarkissian et Aliev, respectivement à la tête de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, les 8 et 9 août prochain à Sotchi (Russie), en présence de Vladimir Poutine.

« Nous allons parler avec nos partenaires d’Azerbaïdjan et d’Arménie de ce qu’on peut faire (…) pour aider (les deux parties, ndlr) à renforcer la confiance et réduire les risques d’une confrontation », a expliqué M. Lavrov. « La Russie est préoccupée par la situation autour du Nagorny-Karabakh et les accusations de provocation échangées ces derniers jours entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan », a-t-il dit. Et cela n’est pas nouveau, « cette fois, tout a l’air particulièrement tendu », a-t-il estimé.

Au plan militaire, l’avantage est clairement du côté de l’Azerbaïdjan, qui, grâce à ses revenus pétroliers, a fortement augmenté le budget de ses forces armées pour le porter à plus de 2 milliards d’euros. Ces dernières, fortes de 100.000 hommes environ, disposent de plus de 600 blindés (dont 94 chars T-90 et une centaine de… T-55) et de 80 avions de combat (MiG-21 , MiG-23 , Su-24, Su-25 et MiG-29, ces derniers ayant été acquis auprès de l’Ukraine). Si ses équipements sont majoritairement d’origine russe (ou ex-soviétique), Bakou se tourne aussi vers Israël pour ses approvisionnements.

Quant aux forces arméniennes et à celles de la République du Haut-Karabakh elles sont nettement moins bien équipées, avec seulement une trentaine d’avions de combat (principalement des SU-25 d’attaque au sol) et une centaine de chars T-72 (plus 20 T-80). Seulement, l’Arménie bénéficie sur son territoire de la présence de 5.000 à 8.000 soldats russes.

En 2011, l’International Crisis Group avait mis en garde contre les « conséquences régionales dévastatrices » d’une éventuelle guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdan. En clair, le conflit pourrait impliquer d’autres acteurs régionaux, comme la Turquie (soutien de Bakou) et l’Iran (alliée d’Erevan), et déstabiliser le sud du Caucase.

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