La guerre civile syrienne fait tâche d’huile

À la faveur de la guerre civile syrienne, l’État islamique (EI) a instauré un califat englobant les territoires qu’il a conquis depuis maintenant plusieurs mois, que ce soit en Syrie et en Irak, où après avoir pris le contrôle de Falloujah et celui – partiel – de Ramadi, il s’est emparé de Mossoul, la deuxième ville irakienne avant de poursuivre son offensive en direction de Bagdad, la capitale irakienne étant clairement son objectif.

En attendant, les jihadistes de l’EI ont mis la main sur d’importantes ressources pétrolières, notamment dans la province syrienne de Deir Ezzor et dans le nord de l’Irak et menacent désormais l’approvisionnement en eau du reste du pays. Le tout en se rendant coupables de crimes de guerre et de nettoyage éthnique, en s’en prenant aux minorités chrétiennes, aux musulmans chiites et aux Kurdes.

Ainsi, l’EI ont infligé un revers, ces dernières heures, aux combattants kurdes qui tenaient la ville de Sinjar, qui, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière syrienne, accueillait jusqu’alors des dizaine de milliers de civils ayant fui l’avancée des jihadistes. Ces derniers, à peine après pris le contrôle de la cité, ont détruit le sanctuaire de Sayyeda Zeinab, la fille d’un imam vénéré de l’islam chiite.

Plus tôt, les peshmergas kurdes avaient dû reculer face aux jihadistes dans le secteur de Zoumar, où ces derniers ont mis la main sur deux champs de pétrole d’une capacité de production de 20.000 barils/jour ainsi que sur une centrale électrique. Le danger est que, désormais, ils s’emparent du barrage de Mossoul, essentiel pour l’approvionnement en eau du reste de l’Irak. Pour le moment, l’ouvrage serait encore sous contrôle kurde. Mais pour combien de temps?

« Les brigades de l’Etat islamique ont maintenant atteint le triangle entre la Turquie, la Syrie et l’Irak. Que Dieu permette à ses moudjahidines de libérer la région entière », a affirmé l’EI, dans un communiqué publié ce 4 août.

« Les peshmergas se sont repliés dans les zones montagneuses et reçoivent des renforts », a répondu un responsable de la région autonome du Kurdistan. Selon le porte-parole de l’armée irakienne, il peuvent compter sur le soutien de Bagdad, qui a ordonné des raids aériens pour les appuyer. En outre, des combattants auraient été envoyés en Irak par le parti kurde syrien de l’Union démocratique (PYD), alors que, l’an passé, l’inverse avait été envisagé par les kurdes irakiens pour soutenir leurs homologues en Syrie.

Mi-juillet, l’on apprenait, via l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), que 800 combattants du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan, étaient partis de Turquie pour rejoindre Kobane (ou Aïn al-Arab), en Syrie, afin de prêter main forte à « leurs frères », alors sous la menace d’un assaut de l’EI, qui venait de prendre plusieurs localités environnantes. Aux dernières nouvelles, ces renforts ont permis aux miliciens des comité de protection du peuple kurde (YPG) (ndlr, la branche armée du PYD), de contenir les jihadistes.

Pour ces derniers, la prise de Kobane est un objectif de premier ordre dans la mesure où elle leur permettrait d’obtenir une continuité territoriale entre le nord de la Syrie et de l’Irak (et donc sur une grande partie de la frontière avec la Turquie), puis d’avancer vers les autres régions kurdes syriennes.

Et les musulmans chiites dans tout ça? L’Iran avait prévenu l’EI qu’il ne fallait pas toucher aux lieux saints du chiisme… Visiblement, l’avertissement n’a pas été entendu. Pour le moment, le soutien de Téhéran à Bagdad est en partie officieux… Mais il est fort probable que des combattants des Gardiens de la Révolution, soient à l’oeuvre en Irak.

Ainsi, les quelques avions d’attaque au sol SU-25 livrés aux forces irakiennes, il y a quelques semaines, étaient très probablement des appareils appartenant aux Pasdarans. Et comme il n’y a plus personne, en Irak, capables de les pilotes, des aviateurs iraniens seraient aux commandes.

D’ailleurs, l’un d’eux, Shojaat Alamdari Mourjani, a été tué en juillet « en accomplissant sa mission de défendre » un mausolée chiite à Samarra, selon un organe de presse iranien contrôle par les Gardiens de la révolution. Et, depuis, deux autres pasdarans auraient été tués en Irak…

En outre, Téhéran forme et finance de nombreuses milices chiites irakiennes. Et cela depuis des années. D’après un responsable de services irakiens de sécurité, cela représenterait 20.000 combattants en tout.

Qui plus est, alors qu’il a des combattants présents aux côtés des forces de Bachar el-Assad en Syrie, le Hezbollah libanais serait aussi engagé en Irak. Ainsi, les funérailles d’Ibrahim al-Haj, un commandant de la milice chiite, ont été organisées à Qilya, un village de la Bekaa. Selon plusieurs sources, il aurait été lors d’un accrochage près de Mossoul…

Le Liban, toujours… La guerre civile syrienne n’en finit pas de menacer l’intégrité territoriale du pays du Cèdre, qui accueille, par ailleurs, de nombreux réfugiés, tout comme la Jordanie. Ces deux pays doivent faire face à des tentatives d’infiltrations d’hommes armés venus de Syrie. Le royaume hachémite en a déjà déjouées plusieurs. L’armée libanaise également… Mais au prix de combats meurtriers, comme celui en cours dans la région d’Aarsal, frontalière de la Syrie.

Là, ce ne sont pas les jihadistes de l’État islamique qui sont en cause mais ceux du Front al-Nosra, qui a fait allégeance à al-Qaïda. Depuis le 2 août, les combats ont fait au moins 16 tués dans les rangs des forces de sécurité libanaises et 13 soldats ainsi que 20 policiers sont portés disparus.

Une source militaire a précisé que plusieurs positions de l’armée libanaise avaient été attaquées et au moins une est brièvement tombée aux mains des jihadites. « Des hommes ont pu pénétrer dans une position mais ont dû en sortir car nous l’avons bombardée », a-t-elle affirmé, selon l’AFP.

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