L’École spéciale militaire de Saint-Cyr accueillera des élèves qui n’auront pas vocation à rester dans l’armée

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En 20 ans, avec les effets des réductions d’effectifs dans les armées, le nombre d’élèves des grandes écoles d’officier a mécaniquement baissé. « Si nous voulons préserver ces écoles, il ne faut pas diminuer les recrutements à l’excès. En deçà d’un seuil critique, se poserait la question de l’existence même de ces écoles, ce qui serait gravissime. Nous devons préserver nos grandes écoles militaires », expliquait, en juin, le Contrôleur général des armées (CGA) Jacques Feytis, le Directeur des ressources humaines du ministère de la Défense (DRH-MD), lors d’une audition de la commission « Défense » de l’Assemblée nationale.

Que faire alors? Ouvrir davantage ces écoles à des stagiaires étrangers afin de pouvoir tisser des liens avec d’autres forces armées et disposer par la suite de relais d’influence? Ce ne fut pas la solution préconisée par le CGA Feytis, pour qui il fallait alors ouvrir le recrutement à des élèves qui n’auraient pas forcément vocation à faire une carrière militaire. En gros, il s’agirait de leur faire adopter le modèle de Polytechnique…

« Il faut ouvrir le recrutement de ces écoles à des étudiants qui seront heureux de faire Saint-Cyr, l’École navale ou l’École de l’air, même s’ils n’envisagent pas d’être officiers », avait plaidé le DRH-MD. « Ils seront satisfaits de bénéficier des formations offertes et que l’on pourra sans doute adapter à la marge sans les dénaturer, pour vraisemblablement devenir des ambassadeurs enthousiastes de nos armées dans la société civile », avait-il ajouté.

Mais, visiblement, cette idée n’a pas mis longtemps a être mis en application (c’est toujours rapide avec les militaires…). En effet, le décret n°95-729 du 10 mai 1995 relatif à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan a été abrogé par le décret n°2014-823 du 18 juillet 2014.

Et, dans son article 1, ce texte précise que, désormais, « l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr peut délivrer une formation académique et militaire à des volontaires dans les armées, dans le cadre de partenariats avec des établissements d’enseignement supérieur ou avec les grandes écoles. Ces volontaires dans les armées ne sont pas soumis aux dispositions des articles 2 à 5 du présent décret ». Quant à l’article 4, il indique que le « diplôme militaire de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr peut être délivré aux volontaires dans les armées qui ont suivi avec succès le cursus de formation dans le cadre d’une convention de partenariat passée entre l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr et les établissements d’enseignement supérieur ou les grandes écoles ». En outre, ces « volontaires » ne pourront pas prétendre être des « Saint-Cyriens », le terme restant réservé aux futurs officiers, comme cela est dit dans l’article 3.

Pour le général (2S) Dominique Delort, le président de la Saint-Cyrienne (l’association des anciens élèves de l’ESM Saint-Cyr), cette évolution n’est pas forcément une bonne chose.

« L’avis avis semble unanime pour considérer qu’il ne serait pas bon d’inclure dans les promotions des élèves qui savent d’emblée qu’ils ne seront pas militaires. Cela poserait de graves problèmes en termes de cohésion et de moral », a-t-il estimé dans son dernier éditorial. « Que nombre de Saint-Cyriens ne soient pas amenés à faire de longues carrières dans l’armée est un fait qui est rentré, vaille que vaille, dans les esprits. Que l’on puisse s’engager à Saint-Cyr sans même penser à la ‘chose militaire’, c’est ‘inimaginable’ ou plus gentiment écrire cela est proprement préjudiciable sur le long terme », a-t-il insisté.

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