Une page se tourne : les opérations Serval et Épervier sont désormais terminées

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Désormais, il faudra parler des opérations Épervier (Tchad) et Serval (Mali) au passé. Conformément à ce qui été annoncé ces derniers jours, elles sont en effet remplacées par l’opération Barkhane, qui est officiellement lancée ce 1er août en appui aux pays partenaires de la Bande sahélo-saharienne (BSS), avec la mission de lutter contre les groupes jihadistes et d’empêcher la constitution de sanctuaires terroristes.

Dirigée par le général Palasset depuis un poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT) établi à N’Djamena, l’opération Barkhane mobilise 3.000 militaires, 200 véhicules logistiques, 200 blindés, 3 drones, 6 avions de combat, une dizaine d’avions de transport et une vingtaine d’hélicoptères, avec des implantations au Mali, au Tchad, au Burkina Faso et au Niger.

Cette évolution du dispositif militaire met ainsi un terme à l’une des plus anciennes opérations des forces françaises en Afrique. L’opération Épervier fut en effet lancée en 1986 afin de préserver l’intégrité territoriale du Tchad face aux visées de la Libye. Plus tard, sa mission a consisté assuré la stabilité de la sous-région et à protéger les intérêts français dans le pays tout en fournissant un appui à l’armée tchadienne.

Quant à l’opération Serval, lancée le 11 janvier 2013 pour arrêter dans un premier temps l’avancée d’éléments jihadistes établis dans le nord du Mali, l’heure est désormais au bilan. L’état-major des armées (EMA) en a dressé un, qui, bien que succint, est assez éclairant.

Ainsi, l’action des forces françaises a permis de détruire les sanctuaires jihadistes au nord du fleuve Niger, en particulier dans l’Adrar des Ifoghas. À cela, il faut ajouter le rétablissement de la vie politique malienne, avec les élections présidentielles et législatives… Toutefois, la menace terroriste n’est pas définitivement réglée (d’où l’opération Barkhane) et l’intégrité territoriale du Mali est mise à mal par les tensions séparatistes incarnées par la rébellion touareg dans le secteur de Kidal.

Quant au bilan chiffré, l’EMA estime que « plusieurs centaines de terroristes » ont été « neutralisés » (euphémisme pour dire « tués »). Dans le livre « La guerre de la France au Mali.
« , écrit par Jean-Christophe Notin, le général Castres, sous-chef opérations à l’état-major des armées, estime que les forces françaises ont « neutralisé le tiers des jihadistes, soit à peu près 600 individus ». Et de préciser que « 200 autres ont été arrêtés » et que « 400 ont déposé eux-mêmes les armes ». Il n’a pas été dit si ce bilan inclut ou non les actions attribuées aux forces spéciales de l’opération Sabre.

Au cours des missions menées pendant Serval, environ 200 tonnes d’armes et de munitions ont été découvertes. Et elles ne venaient pas toute de Libye, loin de là… En outre, une vintaine de tonnes de nitrate d’ammonium ont été saisis. Ce produit sert à fabriquer des engins explosifs improvisés.

S’agissant des opérations aériennes, les avions de l’armée de l’Air ont réalisé 13.000 heures de vol au cours de 7.500 sorties. Le bilan donné par l’EMA ne précise pas si les missions effectuées par les Atlantique 2 de la Marine nationale sont comprises. En tout, 300 bombes ont été larguées (GBU-12, GBU-49, MK-82 Airbust, Armement Air-Sol Modulaire).

Par ailleurs, l’opération Serval a été un défi logistique permanent. D’autant plus que, au même moment, il y avait le désengagement d’Afghanistan… Quoi qu’il en soit, les bataillons logistiques (BATLOG) engagés au Mali ont parcouru 400.000 km par mois (en moyenne) ce qui représente, selon l’EMA, 10 fois le tour de la Terre. On comprend mieux pourquoi le matériel est fatigué… Et n’oublions pas non plus le rôle des transmetteurs, sans lesquels rien n’aurait été possible.

Enfin, 9 militaires français ont payé de leur vie leur engagement au service de la France au cours de cette opération. Selon l’EMA, une soixantaine de soldats ont été blessés.

Photo : (c) ECPAD

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