Le président russe veut limiter les importations de matériels militaires

Si l’on en croit la porte-parole du service diplomatique de l’Union européenne, les ambassadeurs des 28 États membres ont adopté une série de sanctions économiques contre la Russie, afin de contraindre ses dirigeants à cesser d’apporter leur soutien aux séparatistes pro-russes actifs dans l’est de l’Ukraine. « Un accord politique a été trouvé sur le paquet de sanctions économiques », a-t-elle dit.

Parmi les mesures de ce nouveau « paquet » de sanctions, il est question de geler des avoirs bancaires et d’interdire de séjour des proches du Kremlin. Les secteurs de la défense et de la technologie ainsi que les services financiers devraient être également concernés.

Le 28 juillet, François Hollande, Barack Obama, Angela Merkel, David Cameron et Matteo Renzi avaient « confirmé » leur « intention d’adopter de nouvelles mesures » contre Moscou, en raison de l’évolution de la situation dans l’est de l’Ukraine. Dans ces conditions, si le secteur de la défense est concerné par les sanctions de l’UE, il faudra voir comment les choses vont se passer pour la livraison des deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) commandés à la France par la marine russe pour un montant de 1,2 milliard d’euros…

Cela étant, le président russe, Vladimir Poutine, a, en quelque sorte, pris les devants dans la mesure où, selon ses propos qui ont été rapportés par l’agence Interfax, il a demandé à l’industrie russe de l’armement de « limiter » ses importations, estimant qu’elle était « tout à fait capable » de produire par elle-même « tout ce dont le pays a besoin ».

La Russie va ainsi se concentrer sur « l’accélération des efforts pour substituer aux importations militaires, du matériel produit à domicile, et ceci, sur une base la plus large possible », a affirmé M. Poutine. « Notre objectif est de nous protéger contre les risques de rupture de contrat par nos partenaires étrangers, y compris pour des motifs politiques », a-t-il expliqué.

Toutefois, il s’agit d’un mouvement amorcé depuis novembre 2012, avec le limogeage (pour des faits de corruption) d’Anatoli Serdioukov, qui était alors le ministre russe de la Défense. Ce dernier s’était attiré les foudres du complexe militaro-industriel pour avoir décidé de passer des commandes de matériels militaires à l’étranger. Et, l’on s’en souvient, quand il était en fonction, il avait été question d’une commande du système FELIN (Sagem).

Reste que les nouvelles sanctions décidées par l’UE supposent des mesures de rétorsions de la part de Moscou. « Les dirigeants européens sont conscients des risques de représailles de la part du pouvoir en Russie, mais ils ont fait les arbitrages après un acte impardonnable et la manière dont il a été géré par le président Poutine », a affirmé, selon l’AFP, une « source proche des négociations », en référence à la destruction du Boeing de la Malaysia Airlines le 17 juillet dernier.

Que pourrait faire la Russie? Par exemple mettre un terme aux contrats d’affrètement d’avions gros porteurs de type Antonov AN 124-100, indispensables pour la logistique des opérations militaires lointaines de certains pays membres de l’Otan (et de l’UE)? La menace avait été sous-entendue par Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. « J’ai appris que nos compagnies privées bénéficiaient de contrats avec différents pays », avait-il lancé, en avril dernier…

Or, les dirigeants de pays qui demandent des sanctions ont encore des troupes en Afghanistan qu’il faudra bien rapatrier d’ici la fin de l’année. Quant à la France, ne plus pouvoir disposer d’Antonov serait également très ennuyeux quand l’on sait l’usage qui en a été fait au moment de lancer l’opération Serval au Mali.

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