La France se prépare à évacuer ses ressortissants de Libye

La situation reste toujours indécise à Tripoli, où des groupes armés se battent depuis maintenant plus de deux semaines pour avoir le contrôle de l’aéroport de la capitale libyenne. Ces combats opposent un milice proche de la mouvance libérale, en l’occurence celle de Zenten, à des combattants islamistes alliés à d’ex-rebelles venus de la ville de Misrata.

Selon des observateurs, ces affrontements traduisent une lutte d’influence entre les courants politiques désormais actifs en Libye. Les libéraux ayant, selon toute vraisemblance, remporté les dernières élections législatives, les islamistes tentent de prendre l’avantage militaire sur le terrain afin de garder de l’influence.

Dans l’ouest du pays, en particulier à Benghazi, la situation n’est pas brillante non plus. Là, des groupes armés de la mouvance jihadiste sont aux prises avec l’armée régulière et les troupes levées par l’ex-général Haftar, qui a lancé, en mai, l’opération « Dignité ». Cet ancien fidèle du colonel Kadhafi (il a fait défection il y a plus de 20 ans avant de revenir en Libye au moment de la révolution de 2011), est accusé de fomenter un coup d’État par ses détracteurs. Cependant, il compte beaucoup de soutiens chez les militaires libyens. Sa tête est mise à prix par Ansar al-Charia et al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui l’a qualifié « d’ennemi de l’islam ».

Depuis le 13 juillet, les combats à Tripoli et à Benghazi ont fait plus d’une centaine de morts et près de 400 blessés. À ce tableau, l’on peut aussi ajouter les tensions séparatistes dans l’est, en particulier en Cyréanaïque, les difficultés avec l’exportation du pétrole, l’une des seules sources de revenus du pays ou encore l’incapacité des autorités à contrôler leurs frontières, ce qui facilite la tâche de groupes jihadistes qui trouvent refuge dans le sud du territoire libyen.

Dépassé, le gouvernement libyen a lancé un appel en faveur d’une intervention internationale afin de l’aider à reprendre la main. Mais pour le moment, au vu du climat sécuritaire, plusieurs pays ont invité leurs ressortissants à quitter le pays (comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou encore  les Pays-Bas) ou ont décidé l’évacuation de leurs personnels diplomatiques, comme l’ont fait les États-Unis et le Canada.

Ainsi, le 26 juillet, le secrétaire d’État américain, John Kerry, a justifié cette mesure en parlant d’un « risque réel » pour le personnel diplomatique, dont les effectifs avaient déjà été réduits. « En raison des violences actuelles résultant des affrontements entre milices libyennes dans le voisinage immédiat de l’ambassade des Etats-Unis à Tripoli, nous avons temporairement relocalisé tout notre personnel hors de Libye », a expliqué le département d’État, par voie de communiqué. L’évacuation s’est faite par voie terrestre, sous couverture aérienne.

Idem pour le Canada, qui a pris une décision identique ce 29 juillet. « Cette décision n’est attribuable qu’à des préoccupations concernant la sécurité de notre personnel et n’a aucun lien avec nos relations diplomatiques continues et de longue date avec la Libye, explique le communiqué du ministère. […] Nous exhortons toutes les parties à mettre fin à la violence et à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques et démocratiques », a fait valoir  John Baird, le ministre canadien des Affaires étrangères.

Quant à la France, l’entourage de Laurent Fabius, le chef du Quai d’Orsay, avait indiqué, le 26 juillet, qu’une « telle mesure n’était pas à l’ordre du jour ». Toutefois, selon l’AFP, qui cite une source gouvernementale, Paris, qui a déjà demandé à ses ressortissants de quitter la Libye ou à entrer en contact avec les services de l’ambassade à Tripoli pour les localiser, envisage une évacuation, laquelle « devrait se faire rapidement, à bord d’un bâtiment de la Marine nationale ».

« Les modalités de l’opération d’évacuation, qui doit se faire par voie maritime, seront arrêtées dans l’après-midi », a confié cette source. En toute logique, un Bâtiment de projection et de commandement (BPC) devrait être sollicité pour cette opération. Ce type de navire a déjà eu à effectuer une telle mission en 2006, au large du Liban… Et plus récemment, en 2011, où l’un d’eux, le Mistral, fut moblisé pour évacuer des ressortissants égyptiens qui s’étaient réfugiés en Tunisie après avoir fui la Libye.

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