Moscou prétend qu’un avion de combat ukrainien volait près du Boeing de la Malaysia Airlines

Établir avec certitude les responsabilités dans la chute du B-777 de la Malaysia Airlines dans l’est de l’Ukraine ne sera guère aisé… L’enquête internationale demandée par le Conseil de sécurité des Nations unies permettra – peut-être – d’en savoir plus. Cela dit, comme le site de la catastrophe, situé dans une zone tenue par les séparatistes pro-russes, n’a pas été sécurisée pour préserver les indices, les investigations sont mal parties.

Pour les États-Unis, la Russie est en partie responsable dans cette histoire. Le 20 juillet, le secrétaire d’Etat, John Kerry, a expliqué sur les plateaux de télévision que, selon le renseignement américain, le système d’arme utilisé pour abattre l’avion de ligne (un Buk  SA-11) avait été fourni aux séparatistes ukrainiens par Moscou. Et d’ajouter que l’interception de communications confondrait ces derniers.

Bien évidemment, les autorités russes ont rejetés ces affirmations pour mieux faire porter le chapeau à Kiev. Dans un premier temps, au lendemain du drame, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir « enregistré le fonctionnement du radar Koupol d’une batterie de Buk-M1 déployée près du village de Styla (30 km au sud de Donetsk) », c’est à dire près de la zone où le B-777 a été abattu.

Et d’ajouter : « Les caractéristiques techniques des Buk-M1 permettent de procéder à un échange d’informations sur les cibles aériennes entre toutes les batteries d’une même division. Cela signifie que le missile aurait pu être tiré par chacune des batteries déployées à Avdeïevka (8 km au nord de Donetsk) ou à Grouzsko-Zorianskoïe (25 km à l’est de Donetsk ».

Toujours dans la même veine, 4 jours plus tard, le général  Andreï Kartopolov, le chef de département à l’Etat-major général des Forces armées russes, dont les propos ont été repris par Ria Novosti, a précisé que « le groupement ukrainien des forces de défense antiaérienne comprenait trois ou quatre divisions de missiles sol-air Buk-M1 le jour du crash du Boeing 777. Une question se pose pourquoi les militaires ukrainiens ont déployé ces missiles, alors qu’il est de notoriété que les insurgés n’ont pas d’aviation ». Il n’en ont peut-être pas mais ils ont quand même envoyé au tapis plusieurs aéronefs loyalistes (hélicoptères, avions de transport – au moins 2 -, et un avion d’attaque au sol SU-25).

Mais le général Kartopolov est allé encore plus loin en affirmant que « 9 radars ukrainiens ont fonctionné le 17 juillet dans la région où l’avion malaisien est tombé » alors que « le 15 juillet, 7 radars ont été en service dans ce secteur et le 16 juillet il y en avait 8 ». Et l’officier de s’interroger sur ce regain présumé de l’activité ukrainienne dans ce domaine…

Histoire d’enfoncer le clou, le même général a déclaré qu’un avion ukrainien de type SU-25 « Frogfoot », donc un appareil d’attaque au sol et non de supériorité aérienne, évoluait dans le couloir aérien réservé à l’aviation civile peu avant la chute du vol MH-17.

« On a observé la montée d’un avion de chasse ukrainien SU-25 en direction du Boeing malaisien qui se trouvait alors à une distance de 3 à 5 km. Le SU-25 peut atteindre une altitude de 10.000 mètres. Il dispose de missiles air-air qui peuvent tirer jusqu’à 12 km et garantissent la destruction d’un objectif jusqu’à 5 km », a-t-il affirmé. « Nous nous posons la question : dans quel but un avion de chasse effectuait-il un vol à la même altitude et en même temps qu’un avion civil? », a-t-il poursuivi.

Sauf que le général Kartopolov aurait dû donner plus de précisions : le plafond d’un SU-25, qui peut en effet être armé par des missiles air-air R-60 et K-13, n’est que de 7.000 m alors que l’avion civil volait à une atitude de 10.000 m.

Il reviendra à la commission d’enquête de vérifier ces éléments et d’en faire la part des choses. Reste, comme toujours dans ce genre d’affaire, et avec les éventuelles tentatives de manipulations, qui plus est facilitées par les réseaux sociaux, l’on est pas près de connaître la vérité (d’autres, peut-être, n’y seront pas prêts non plus…). Le plus insupportable (ndlr, et ce n’est que l’avis de l’auteur) sera de voir arriver les enquêteurs de choc qui asséneront leurs certitudes après avoir mené leurs investigations depuis leur salon ou leur chambre à coucher.

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