Plus de 1.400 véhicules de retour d’opérations extérieures sont à remettre en état

Entrainement escadron blinde du 5e RIAOM. 10RC dans la region d'Ali Sabeeh.

1.400. Tel est le nombre de véhicules de l’armée de Terre en attente d’être remis en état après avoir été engagés dans une opération extérieure (opex), selon le député Philippe Vitel qui remettra prochainement, avec Geneviève Gosselin-Fleury, un rapport dans le cadre de la mission de contrôle de l’exécution des crédits de la Défense.

Ce nombre ne tombe pas du ciel : il a été avancé par le général Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre, qui, d’après le parlementaire, « a poussé un véritable cri d’alarme » à ce sujet. Et Philippe Vitel de poser la question, lors de la présentation, en commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, du rapport sur l’évolution du dispositif militaire français en Afrique : « Avons-nous encore les moyens d’engager autant d’opérations extérieures et d’entretenir autant de forces prépositionnées? »

Il faut dire qu’en opération, notamment en Afrique, les véhicules de l’armée de Terre sont soumis à rude épreuve, avec des terrains et des conditions climatiques difficiles ainsi que des distances à parcourir, en particulier au Mali, très importantes. Il n’y a rien d’étonnant, donc, à ce qu’il y ait des difficultés dans le Maintien en condition opérationnelle (MCO) avec les contexte budgétaire « contraint » que les armées subissent depuis maintenant plusieurs années.

Sauf qu’à force de tirer sur la ficelle, elle se casse. Et selon le député Yves Fromion, co-auteur avec Gwendal Rouillard, du rapport sur le dispositif français en Afrique, l’usure et l’attrition du matériel doivent « mériter une attention particulière ».

« Ce qui se passe en Afrique est le révélateur de la situation de nos forces armées en général. C’est particulièrement frappant du point de vue des matériels et des équipements. La situation est extrêmement difficile », a estimé M. Fromion. « Depuis longtemps, les moyens ne suffisent même plus à maintenir le matériel à niveau : il est, pour une partie, en phase de délitement. Ce phénomène n’est pas très visible lorsque l’on se déplace auprès de nos forces en métropole, mais en Afrique, on est plongé dans la réalité de la vie militaire. On ne pourra pas laisser très longtemps nos matériels et nos équipements se déliter ainsi », a-t-il prévenu. C’est sûr que cela ne se verra par lors du défilé du 14 Juillet sur les Champs-Elysées….

Plus loin, Yves Fromion, a insisté sur ce point, en soulignant l’objectivité qui a guidé la rédaction du rapport qu’il a remis avec M. Rouillard. « La question n’est plus de maintenir nos capacités matérielles mais bien le fait que nous n’y parvenons plus », a-t-il dit. « La flotte de MRTT et d’A400M est prévue pour 2025 et aucune commande n’est passée pour SCORPION (ndlr, programme qui permettra le renouvellement des véhicules de l’armée de Terre). Il ne s’agit pas d’une critique mais d’un état des lieux et, entre la commande et le moment où le matériel est disponible, le creux se creuse, si je peux me permettre d’employer cette formule qui paraîtrait ridicule au sapeur Camember », a-t-il encore fait valoir.

D’où son constat : « Notre présence en Afrique est un révélateur cruel de la dégradation de nos équipements. Hormis le Reaper qui représente un apport considérable pour les capacités des forces, l’état d’attrition global de nos matériels est extrêmement préoccupant ».

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