Face à Nexter, Rheinmetall fait une contre-proposition à Krauss Maffei Wegmann

Le mariage entre le groupe public français Nexter et l’industriel allemand Krauss Maffei Wegmann, qui donnerait lieu à l’un des leaders mondiaux de l’armement terrestre, n’est pas encore fait. Loin de là, même si le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, espère que cette opération sera achevée d’ici le premier semestre 2015.

En tout cas, que ce soit en France ou en Allemagne, ce projet de mariage suscite quelques interrogations et des réactions prudentes (cela dit, d’autres se sont dits très enthousiastes à cette idée). Plusieurs réponses à des réponses concrètes devront être apportées d’ici-là. Sur son site Internet, le député François Cornut-Gentille, toujours très au fait des affaires militaires, se demande ce que KMW gagnera dans cette affaire en échange de ses compétences commerciales dont bénéficiera Nexter, qui connaît des problèmes à l’exportation… « Ces fiançailles obéissent à un schéma industriel franco-allemand ancien. Mais, dans le contexte actuel, on est en droit de se demander lequel des deux fera cocu l’autre », écrit-il.

En attendant, Rheinmetall, l’autre spécialiste allemand de l’armement terrestre, n’entend pas rester les bras croisés, d’autant plus qu’il nourrit le projet de mettre la main sur KMW depuis longtemps…

Selon le quotidien économique Handelsblatt, ses dirigeants auraient formulé une contre-proposition, de nature à torpiller tout rapprochement avec Nexter.  « Les discussions entre les directions de Rheinmetall et de KMW ont déjà commencé », croit-il même savoir.

Ainsi, deux options seraient sur la table. L’une prévoit que la famille propriétaire de KMW devienne le premier actionnaire de Rheinmetall, avec 25 à 30% du capital en échange de leur groupe. La seconde consisterait à fusionner les activités défense de Rheinmetall avec celles de KMW. Un tel rapprochement permettrait, selon Handelsblatt, de générer des synergies de 60 à 70 millions d’euros.

Cette opération aurait-il plus de sens que celle avec Nexter? « KMW se spécialise bel et bien dans la production blindée, dans les métiers amont, tandis que Rheinmetall recherche les métiers d’intégrateur final et d’électronicien. Les deux allemands tendent donc à diverger de plus en plus, à se différencier : de fait, ils deviennent aussi davantage complémentaires – ce qui peut favoriser une fusion par complémentarité à l’avenir », peut-on lire dans une note de la Fondation pour la recherche stratgégique (FRS), qui commence à dater un peu (2008)…

En tout cas, la perspective d’un rapprochement entre Rheinmetall et KMW séduit la Bourse : le titre de l’industriel basé à Düsseldorf a grimpé de 4,5% à l’ouverture, après la diffusion des informations d’Handelsblatt.

Cela étant, un porte-parole de KMW a précisé à Reuters qu’une telle opération n’est pas d’actualité. « Dans l’accord (passé avec Nexter), les deux parties s’engagent à ne pas discuter fusion avec des tierces parties pendant une période définie », a-t-il dit. Ce qui dément en partie ce qu’a avancé le quotidien allemand. Mais si tel est effectivement le cas, les discussions entre les dirigeants des deux groupes dont ce dernier a fait état seraient du plus mauvais effet.

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