Londres ne désespére pas de vendre l’Eurofighter Typhoon à l’Inde

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Dans les affaires, il n’y pas de « vieux alliés » : c’est du chacun pour soi. Exemple avec le numéro que vient de faire en Inde William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères.

Dans le cadre de l’appel d’offres dit MMRCA « Medium Multi-Role Combat Aircraft », dont le but est d’acquérir 126 nouveaux avions de combat, le Rafale de Dassault Aviation a été sélectionné par New Delhi, en janvier 2012, aux dépens du Typhoon, soumis par le consortium Eurofighter, réunissant BAE Systems, Airbus Defense & Space et Finmeccanica.

Ainsi, Dassault Aviation est entré en négociation exclusive avec la partie indienne afin de finaliser le contrat, ce dernier prévoyant des transferts de technologies dont il faut régler les détails. Seulement, en Inde, les us et coutumes (mais surtout la bureaucratie) font que des discussions de ce genre prennent du temps. D’autant plus que plus de 9 milliards d’euros sont en jeu.

Qui plus est, pour la France, arriver à exporter le Rafale est absolument nécessaire pour maintenir la trajectoire financière de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, laquelle compte sur une vente de cet avion à l’étranger afin de pouvoir maintenir les lignes de production. Dans les 5 ans, en effet, et compte tenu des contraintes budgétaires, les forces françaises de recevront que 26 appareils alors que Dassault doit en assembler 11 par an…

Cela étant, malgré les difficultés de la roupie, du décès du négociateur indien, du contexte politique et de la lourdeur des procédures, les discussions ont récemment connu une belle avancée avec un accord trouvé sur le montage industriel concernant l’assemblage des Rafale en Inde. Mais, étant donné qu’une nouvelle majorité est arrivée au pouvoir à la faveur des récentes élections législatives, l’on est pour le moment dans l’attente.

Et c’est ainsi que, au cours d’une visite à New Delhi, le chef de la diplomatie britannique en a profité pour faire l’article sur le Typhoon du consortium Eurofighter, qui, au passage, a besoin de nouvelles commandes pour maintenir la production de cet appareil dans les deux prochaines années.

« Il y a des négociations exclusives comme vous le savez. Bien sûr, nous avons toujours crû fortement dans les atouts de l’Eurofighter et son potentiel », a en effet affirmé William Hague, lors d’une conférence de presse. Et d’insister sur le fait que le sujet avait bien été évoqué avec Sushma Swaraj, son homologue indien. « Il est toujours disponible pour les pays qui sont en mesure et désireux de l’acheter », a-t-il ajouté.

« Le ministre britannique des Affaires étrangères a fait état des avantages technologiques de leur produit (ndlr, le Typhoon) », a confirmé Syed Akbaruddin, le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, alors interrogé sur ce sujet par des journalistes.

Accompagnant William Hague en Inde, George Osborne, le ministre des Finances britannique , a quant à lui annoncé que Londres avait proposé à New Delhi un milliard de livres pour des projets d’infrastructure. « C’est un engagement très substantiel pour le programme d’investissement du nouveau gouvernement » indien, a-t-il expliqué.

Le gouvernement britannique avait eu du mal à digérer le choix de New Delhi en faveur du Rafale. À l’époque, des députés firent pression sur le Premier ministre, David Cameron, pour obtenir la suppression d’un milliard de livre d’aides jusqu’alors accordé à l’Etat indien. « Je suis très déçu de ce qui s’est passé en Inde, mais Eurofighter n’est pas hors course et nous devons nous battre jusqu’au bout », avait affirmé, à l’époque, le locataire du 10 Downing Street. Et son ministre des Affaires étrangères en a donné, une fois plus, l’illustration.

Quoi qu’il en soit, il y a peu de chance pour que l’Inde revienne sur sa décision. Tout simplement parce que ses forces aériennes ont un besoin urgent de rempacer leurs MiG-21 à bout de souffle si elles veulent maintenir leurs capacités. Et cela d’autant plus le contexte géostratégique (relations avec le Pakistan, tensions frontalières avec la Chine) ne plaide pas en faveur de délais supplémentaires. En outre, l’Eurofighter est trop cher (les cours des comptes des pays clients l’ont dit à maintes reprises) et il n’est pas encore multirôles.. À la différence du Rafale.

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