L’hélicoptère du président afghan détruit par les insurgés

(U.S. Air Force photo by Staff Sgt. Matthew Smith)

Les forces afghanes ont peut-être réussi, à la fin du mois du juin, à arrêter une offensive lancée dans la province du Helmand par les insurgés taliban et même à mener une contre-attaque, il n’en reste pas moins que ces derniers continuent leurs actions spectaculaires et les attentats dans le cadre de leur campagne de printemps, débutée en mai dernier.

Ainsi, ce 8 juillet, 4 soldats de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée dans le pays sous l’autorité de l’Otan, ont été tués lors d’une attaque suicide commise dans la province de Parwan, dans l’est. Cet attentat a aussi été fatal à deux policiers et dix civils.

Trois jours plus tôt, dans les environs de Kaboul, les taliban sont parvenus à incendier pas moins de 200 camions citernes devant acheminer du carburant aux forces de l’Otan. Mieux encore, le 3 juillet, ils ont également tiré des roquettes en direction de l’aéroport de la capitale afghane. Coup classique… Si ce n’est qu’ils ont touché la zone ultra-sécurisée de la plateforme où sont stationnés les aéronefs des forces aériennes afghanes ainsi que ceux de l’ISAF.

Si ces roquettes n’ont pas fait de victime, en revanche, elles ont provoqué des dégâts. À commencer par l’hélicoptère Mi-17 le plus fréquemment utilisé par le président afghan, Hamid Karzaï, qui a été entièrement détruits. Trois autres appareils ont également été endommagés mais ils restent réparables. Il s’agit de l’attaque la plus efficace contre des aéronefs au sol depuis celle de Camp Bastion, en 2012, au cours de laquelle 8 avions de l’US Marine Corps avaient été touchés.

Les Mi-17 équipent le ministère afghan de l’Intérieur, qui les utilise pour des opérations spéciales et constituent l’épine dorsale des forces aériennes afghanes, qui en compteraient une cinquantaine d’exemplaires.

Ayant des capacités fortement limitées (elles n’ont pas d’avions d’attaque au sol, ni de transport), elles ont été particulièrement visées par les taliban ces derniers jours. En effet, la veille de l’attaque contre la partie militaire de l’aéroport de Kaboul, un attentat suicide contre un bus de l’Afghan Air Force circulant dans la capitale afghane avait fait 9 tués, dont 8 aviateurs afghans.

C’est dans ce contexte qu’ont été annoncés les résultats – non définitifs – de l’élection présidentielle afghane. Largement en tête au premier tour, avec près de 15 points d’avance, le tadjik Abdullah Abdullah  serait donné perdant face au pachtoun Ashraf Ghani (dont le colistier n’est autre que le général Abdul Rachid Dostom, ancien chef de l’Alliance du Nord, accusé d’avoir fait massacrer des centaines de prisonniers taliban en 2001). Que ce soit l’un ou l’autre ne changera rien pour ce qui concerne la ratification de l’accord bilatéral de sécurité conclu entre Kaboul et Washington en novembre 2013 dans la mesure où les deux concurrents y sont favorables.

Toutefois, Abdullah Abdullah ne s’avoue pas encore vaincu puisqu’il conteste les résultats non définitifs annoncés le 7 juillet, en dénonçant une « atteinte à la volonté du peuple » ainsi qu' »une fraude massive ». Et il existe un risque d’une impasse politique et d’un regain de tension entre les Tadjiks, majoritaires dans le nord de l’Afghanistan, et les Pachtouns, qui le sont dans le reste du pays.

« Toute action qui viserait à prendre le pouvoir par des moyens extra-légaux coûterait à l’Afghanistan le soutien financier et en matière de sécurité des États-Unis et de la communauté internationale », a prévenu John Kerry. « J’ai pris note avec la plus grande préoccupation d’informations faisant état de protestations en Afghanistan (…). Les Etats-Unis attendent des institutions électorales afghanes qu’elles se livrent à un examen complet et en profondeur de toutes les allégations plausibles d’irrégularités », a-t-il ajouté.

En outre, même si les deux candidats ont promis de ratifier le BSA au plus tôt, le temps presse. Même si le Pentagone peut anticiper et préparer ainsi le maintien en Afghanistan de près de 10.000 hommes, il n’en reste pas moins que la mission de l’Otan prendra fin en décembre 2014. Une autre, appelée Resolute Support, devrait lui succéder. Mais plus tôt son cadre sera fixé, mieux ce sera.

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