Ukraine : Après avoir repris Slaviansk, les forces loyalistes marchent vers Donetsk

Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, le président ukrainien, Petro Porochenko, a annoncé la fin du cessez-le-feu qu’il avait décrété unilatéralement 10 jours plus tôt afin de lancer un plan de paix avec les séparatistes pro-russes actifs dans l’est de l’Ukraine. Et cela même si la France et l’Allemagne lui avaient demandé de le prolonger encore. En réalité, cette mesure n’a jamais été totalement appliquée, des combats ayant toujours eu lieu entre les forces loyalistes et les insurgés…

Conséquence :  l’opération « antiterroriste » lancée par Kiev contre les séparatistes des Républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk a repris de plus belle. Aussi, le président russe, Vladimir Poutine, n’a pas manqué de critiqué son homologue ukrainien, en lui faisant porter la « pleine responsabilité » de la reprise des combats.

« Malheureusement, le président Porochenko a pris la décision de relancer les opérations militaires et nous – je veux dire moi-même et mes collègues européens – n’avons pas pu le convaincre que la route menant à une paix stable, forte et durable ne passait pas par la guerre », a-t-il dit, le 1er juillet, lors d’un discours devant les ambassadeurs russes.

« Jusqu’à présent, Petro Alexeïevitch (Porochenko) n’était pas directement lié à l’ordre de déclencher des opérations militaires mais désormais, il a endossé cette responsabilité pleinement, pas seulement sur le plan militaire mais aussi sur le plan politique », a poursuivi M. Poutine. « Ce qui s’est passé en Ukraine est la culmination des tendances négatives dans les affaires du monde », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, la situation dans le Donbass a connu un événement inattendu, le 4 juillet, avec l’évacuation de Slaviansk par les séparatistes pro-russes, alors dirigés par Igor Strelkov, accusé par Kiev d’être en fait un colonel du GRU, le renseignement militaire russe). A priori, ces derniers, selon le site officiel des insurgés, ont quitté la ville « en raison de la supériorité numérique écrasante de l’adversaire » pour rejoindre « des positions préparées à l’avance ».

Maintenant que les couleurs ukrainiennes flottent sur Slaviansk, les regards se tournent vers Donetsk, autre bastion des insurgés pro-russes. « Mon ordre reste en vigueur: il faut renforcer l’encerclement des terroristes. Poursuivre l’opération pour libérer les régions de Donetsk et Lougansk », a affirmé le président Porochenko, lors d’une allocution télévisée. « Je suis loin de céder à l’euphorie. La situation est très difficile. Les terroristes se retranchent dans les grandes villes et nous avons beaucoup d’épreuves devant nous », a-t-il ajouté.

Il semblerait donc que les insurgés pro-russes se soient repliés sur Donetsk, où ils comptent livrer bataille. À la télévision russe, Igor Strelkov a même annoncé la création d’un « conseil militaire central » pour mieux défendre la ville. « La défense de Donetsk marquera un tournant dans le conflit » avec Kiev, a enchéri Denis Pouchiline, un autre responsable des séparatistes.

Ces derniers jours, des colonnes de camions et de blindés rebelles, armés pour certains de canons anti-aériens, ont été vus dans les environs de Donetsk. Pour les autorités ukrainiennes, livrer un combat urbain n’est pas d’actualité, en raison des trop grands risques de dommages collatéraux (la ville compte 1 million d’habitants). Aussi, la tactique devrait être d’imposer un blocus afin de forcer les rebelles à déposer les armes.

Reste à voir ce que sera la réaction de Moscou, le président Poutine ayant réaffirmé, le 1er juillet, son engagement à défendre les populations russophones à l’étranger… mais « par des moyens politiques, économiques et humanitaires ». D’après Volodymyr Fesenko, chef du centre d’études politiques Penta, cité par l’AFP, il y a peu de chances  que la Russie intervienne militairement dans le Donbass pour soutenir les insurgés. « Il est plus probable que Moscou soutiendra les séparatistes par des livraisons d’armes et une concentration de ses troupes à la frontière, car une intervention directe provoquerait une troisième vague de sanctions et Poutine voudrait l’éviter », a-t-il expliqué.

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