L’armée irakienne toujours à la peine face aux jihadistes de l’État islamique

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Quelques jours après avoir instauré un califat sur un territoire à cheval entre l’Irak et la Syrie, Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’État islamique (EI, ex-État islamique en Irak et au Levant), dont la tête est mise à prix 10 millions de dollars par Washington, a fait sa première apparition publique, le 5 juillet, à Mossoul, ville tombée aux mains des jihadistes il y a près d’un mois. En agissant de la sorte, le calife autoproclamé (qui est donc censé être le chef des musulmans) cherche à prendre l’ascendant sur Ayman al-Zawahiri, le successeur d’Oussama Ben Laden à la tête d’al-Qaïda, dont il conteste l’autorité.

Quoi qu’il en soit, cette première apparition d’Al-Baghdadi montre que l’État islamique est sûr de sa force. D’autant plus qu’il a conquis, au cours de ces dernières semaines, des régions dans les provinces de Diyala (est), Salaheddine (nord) et Kirkouk (ouest), après s’être emparé, au début de cette année, de Falloujah et d’une partie de Ramadi, dans la région d’Al-Anbar.

Cette offensive jihadiste met à mal l’unité de l’Irak. Le Kurdistan irakien, qui bénéficie déjà d’une large autonomie à l’égard de Bagdad, pourrait revendiquer son indépendance. Son président, Massoud Barzani, a annoncé sa décision d’organiser un référendum sur cette question…

Quant à l’armée irakienne, qui préparait une contre-offensive pour regagner le terrain perdu face aux jihadistes, elle reste à la peine. Et cela alors qu’aucun consensus politique n’arrive à se dégager à Bagdad, où l’actuel Premier ministre, le chiite Nouri al-Maliki, critiqué pour sa politique à l’égard des minorités du pays, est vivement critiqué.

« Les forces irakiennes vont probablement avoir besoin de davantage d’aide étrangère pour reconquérir les territoires contrôlés par les insurgés sunnites de l’État islamique », a estimé, de son côté, le général Martin Dempsey, le chef d’état-major interarmées américain, le 3 juillet.

« Si vous me demandez si les Irakiens seront capables de repousser l’offensive et de reconquérir les territoires perdus en Irak (…) probablement pas tout seuls », a poursivi le général Dempsey, qui pense, toutefois, que les forces irakiennes seraient en mesure de défendre Bagdad (objectif affiché des jihadistes). « Une campagne militaire irakienne contre les insurgés va prendre du temps et devra être accompagnée de signaux clairs de la part du gouvernement irakien, dominé par les chiites à Bagdad, pour tendre la main aux communautés sunnites et kurdes », a-t-il aussi ajouté.

Les États-Unis ont déjà annoncé l’envoi de 300 conseillers militaires pour épauler l’état-major irakien. Ce dernier a pu obtenir, de la part de Moscou – mais aussi de Téhéran, visiblement – des avions d’attaque au sol SU-25.

La question de savoir qui allait piloter ces appareils a peut être trouvé un début de réponse après l’annonce de la mort du colonel Shoja’at Alamdari Mourjani, un pilote iranien. Les circonstances de son décès, qui aurait eu lieu à Samarra (la ville natale de Baghdadi), n’ont pas été précisées. L’agence Fars a seulement laissé entendre que cet officier appartenait à la Force al-Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la Révolution qui, selon toute vraisemblance, a envoyé au moins 3 SU-25 en Irak.

Quoi qu’il en soit, les forces irakiennes ont pour le moment fixées à Tikrit. Et elles ont perdu le général Najm Abdallah Sudan, le commandant de la sixième brigade, lors d’un bombardement à une vingtaine de kilomètres de Bagdad.

« L’armée et la police sont perçues comme confessionnelles… Elles ne bénéficient donc pas du soutien ou, ce qui est crucial, de renseignements de la part de la communauté sunnite », a expliqué John Drake, analyste du groupe AKE, à l’AFP. « Si vous n’avez pas de bons renseignements sur le terrain, vos raids ne sont pas précis, ils provoquent des dommages collatéraux et des blessés… Ce qui aggrave la situation », a-t-il ajouté.

Photo : Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’État islamique

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