M. Le Drian s’explique sur le rapprochement de Nexter avec Krauss Maffei Wegmann

Que Nexter n’ait pas une taille suffisante pour affronter la concurrence internationale est une évidence. Trop dépendant des commandes de l’armée française, le groupe public a une peu de mal à s’imposer à l’exportation, même s’il a remporté quelques succès ces dernières années (Caesar en Indonésie par exemple). Mais ces derniers sont insuffisants. Et la concurrence est rude, notamment celle de Krauss Maffei Wegmann (KMW) ou encore celle des pays émergents, avec les produits très compétitifs en termes de coûts.

C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a conduit le ministère français de la Défense à oeuvrer à un rapprochement avec KMW, afin de constituer une « Airbus » ou un « MBDA » de l’armement terrestre en Europe. « Cela permettra de mieux affronter la concurrence internationale », a plaidé M. Le Drian, l’actuel locataure de l’Hôtel de Brienne.

Le couple Nexter-KMW constituera, avec un chiffre d’affaires de 1,7 milliards d’euros, l’un des principaux groupes mondiaux de l’armement terrestre, derrière l’américain General Dynamics et le britannique BAE Systems. Seulement, l’industriel allemand a un carnet de commandes deux fois plus importants que celui de son partenaire français, qui a vu ses prises de commandes chuter de 29% en 2013, ce qui n’est pas sans causer de l’inquiétude sur son plan de charge.

« Le magnifique précédent d’Airbus montre toute la valeur d’une telle démarche. Dans un contexte qui reste difficile pour les budgets de défense européens, et alors que nous avons presque chaque jour de nouvelles preuves de l’instabilité du monde, il est plus important que jamais que nos industries européennes soient au rendez-vous de nos défis de défense et de sécurité. Car au-delà du moteur économique qu’elles représentent, elles sont aussi une condition essentielle, première, de notre autonomie stratégique », a encore estimé M. Le Drian, dans son discours prononcé lors de la réception Nexter-KMW, le 1er juillet.

Cela étant, l’idée d’un rapprochement de Nexter avec Renault Trucks Defense (RTD) était encore dans certains esprits, il y a peu encore. Les deux groupes ont des gammes complémentaires et se connaissent très bien (ils collaborent déjà sur le VBCI). Leur possible mariage a d’ailleurs été évoquée à plusieurs reprises au cours de ces dernières années… Seulement, une divergence sur la stratégie à suivre (notamment dans le domaine des munitions) a compliqué grandement les choses.

Lors d’un entretien accordé au quotidien Les Echos, il a été demandé à M. Le Drian les raisons pour lesquelles KMW a été préféré à RTD. Le ministre de la Défense n’a pas clairement répondu à cette question… « La co-entreprise Nexter-KMW va ouvrir des synergies importantes pour l’avenir en matière de R&D et de développement international. Le rapprochement va immédiatement créer de la valeur dans ces domaines. Ce schéma préservera les deux entreprises et les programmes de chacune d’entre elles puisque les commandes engagées resteront chez Nexter et KMW », a-t-il affirmé.

Autre question intéressante : quel est l’intérêt de KMW à se rapprocher de Nexter? Pour M. Le Drian, les deux « entreprises mutualiseront leurs gammes et le groupe atteindra la taille critique pour être compétitif à l’export », a-t-il dit… Pour autant, et au vu du carnet de commande, l’industriel allemand n’a pas tellement de souci à se faire sur ce sujet.

« La nouvelle société vaudra plus que la somme actuelle des deux entités », veut croire le ministre français. « C’est favorable pour l’emploi car chacun garde ses carnets de commandes et s’associe à l’autre pour innover et exporter. C’est aussi un plus considérable pour l’Europe de la Défense », a-t-il estimé.

Pour le moment, l’on n’est qu’au stade des fiançailles. Il faudra d’abord privatiser Nexter (ce qui risque de provoquer quelques remous au sein du personnel), puis se mettre d’accord entre Paris et Berlin sur les licences d’exportations que le nouveau groupe pourra solliciter. Selon M. Le Drian, le mariage est attendu pour le premier semestre 2015.

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