Le Japon révise sa doctrine pacifiste et parle « d’autodéfense collective »

Après avoir assoupli ses règles concernant l’exportation d’équipements militaires, le Japon s’apprête, via une résolution, à réviser sa doctrine pacifiste définie par l’article 9 de sa Constitution pacifiste, adoptée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale sous pression américaine, lequel lui interdit de prendre part à des opérations militaires à l’extérieur de ses frontières. Pour autant, le pays dispose de forces d’autodéfense, forte de 250.000 hommes et dotées d’un budget d’environ 37 milliards d’euros.

Justement, c’est à l’occasion du 60e anniversaire de ces dernières que le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a annoncé un projet de révision de cet article 9. « Quelles que soient les circonstances, je protégerai la vie et l’existence en paix des Japonais », a-t-il justifié. « J’ai cette grave responsabilité », a-t-il ajouté, avant d’expliquer le concept « d’autodéfense collective » qui permettra désormais aux forces nippones d’être déployées sur un théâtre d’opérations extérieur même si l’archipel n’est pas directement attaqué.

Concrètement, ce principe d’autodéfense collective ne pourra être avancé que dans des cas bien précis : menace contre le territoire japonais, danger pour ses habitants et absence d’une solution alternative. « Le Japon ne sera pas impliqué dans une guerre pour défendre un pays étranger, c’est hors de question », a insisté Shinzo Abe.

Cette idée de revoir l’article 9 de la Constitution est ancienne chez ce responsable politique : il l’avait déjà exprimée lors de son bref passage à la tête du gouvernement en 2006-2007 et réaffirmée en septembre 2013 puis à nouveau en juin, lors du Dialogue de Shangri-La (Singapour). « Le Japon  apportera son soutien indéfectible aux efforts déployés par les pays de l’ASEAN, qui oeuvrent à assurer la sécurité des mer et du ciel », avait-il dit. Et ses propos furent salués par les Etats-Unis et la France.

Cette résolution expliqué par M. Abe devra être transformée en loi, ce qui ne devrait pas poser de problème étant donné que le Premier ministre nippon dispose de la majorité dans les chambres du Parlement.

Ce tournant historique pris par le Japon s’explique surtout pas l’évolution du contexte géostratégique régional. Le pays a un effet des différends territoriaux avec la Chine, notamment au sujet de l’archipel Senkaku, ainsi qu’avec la Russie (îles Kouriles), et reste à portée de tir des missiles balistiques nord-coréens. Les relations avec Pékin, dont la hausse à deux chiffres du budget de ses forces armées inquiéte les pays de la zone Asie-Pacifique, sont en outre exécrables.

Cela étant, malgré l’article 9 de sa Constitution, le Japon a déjà envoyé des troupes à l’étranger. Mais en aucun pour participer à des opérations de guerre. Cela a notamment le cas en 1992, au Cambodge, puis, plus récemment, en Irak (avec le déploiement d’un groupe spécialisé dans les actions civilo-militaire (Japanese Iraq Reconstruction and Support Group) ou encore en soutien logistique de l’opération Enduring Freedom. En outre, Tokyo a installé une base permanente à Djibouti – une première depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale – afin de lutter contre la piraterie maritime au large de la Corne de l’Afrique et dans l’océan Indien.

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