Changement annoncé à la tête de DCNS

Le groupe naval DCNS va changer prochainement de patron. Alors que son mandat expire à la fin de cette année, Patrick Boissier va quitter ses fonctions d’ici la fin de cet été et prendre la tête du GICAN (Groupement des industries de construction et activités navales).

Dans un communiqué diffusé conjointement par les ministres de l’Economie, des Finances et de la Défense, il est expliqué qu' »après cinq ans et demi à la tête de DCNS, Patrick Boissier a choisi d’anticiper son départ prévu à la fin de l’année 2014. Il donne ainsi les meilleures chances à son successeur d’engager sans tarder un nouveau cycle stratégique et de préparer DCNS à relever les défis qui s’offrent à la société pour les années à venir, tels que la croissance à l’export ».

Pour rappel, l’Etat détient 63.6% du capital de DCNS, le reste appartenant au groupe d’électronique de défense Thales. Le comité de nominations du constructeur naval a désigné, à l’issue d’un « travail de sélection professionnel et approfondi effectué ces derniers mois », Hervé Guillou, un polytechnicien de 59 ans qui a fait une bonne partie de sa carrière chez Airbus Group, où il a notamment été responsable de la cybersécurité. Sa candidature sera soumise le 23 juillet au conseil d’administration.

Reste à voir quelles seront ses relations avec Thales. Comme le rappelait fort justement un article de LaTribune.fr, la semaine passé, Hervé Guillou a été à la manoeuvre sur plusieurs contrats convoités par le groupe d’électronique, notamment lors du renforcement du réseau intranet de la force aéronavale (RIFAN) et de l’appel d’offres saoudien pour le programme de surveillance des frontières Miksa.

Sous l’ère de Patrick Boissier, DCNS a vu son chiffre d’affaires grimpé de 40% entre 2010 et 2013, grâce en partie à la mise en place du plan Championship. Le groupe s’est également diversifié dans les énergies marine, afin de ne plus dépendre essentiellement des commandes militaires.

En septembre dernier, M. Boissier n’avait pas mâché ses mots pour dire tout le mal qu’il pensait de la décision d’étaler les programmes FREMM (frégate multimission) et Barracuda (sous-marin nucléaire d’attaque) pour des raisons budgétaires (l’on était alors en plein débat sur la future Loi de Programmation Militaire). Devant les députés de la commission de la Défense, il avait expliqué que ces mesures allaient coûter 1,2 milliards d’euros aux contribuables… Sans compter les conséquences sur l’emploi (et donc les dépenses sociales…).

« Le passage de 17 à 11 FREMM (ndlr, prévu par la LPM 2009-2014) avait déjà coûté l’équivalent d’une frégate. Le décalage de livraison de sept à dix mois, une frégate supplémentaire. Si l’on passe de 10 à 14 mois, alors tout cela aura coûté le prix de trois frégates », avait fait valoir M. Boissier, qui estimait alors l’impact de cette décision allait coûter en plus 500 emplois.

Cette sortie lui avait attiré les foudres de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. « C’est le ministère de la Défense qui est le premier client de DCNS et l’État le premier actionnaire de DCNS (64 %) », avait-il tenu à rappeler dans les colonnes de Ouest France. « Monsieur Boissier doit rester dans le cadre de ses fonctions. Ainsi en matière d’actionnariat, le décideur c’est moi; aujourd’hui la question d’un nouveau modèle n’est pas à l’ordre du jour », avait-il lancé.

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